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Pfungwa Serima : «L'économie numérique fraye la voie à la croissance accélérée des entrepreneurs africains»


Pfungwa Serima, DG de SAP Afrique./DR
Le monde de la technologie a toujours été porté sur les mots à la mode, quelques uns trouvant leur place dans la conversation de tous les jours, d'autres disparaissant dans un nuage lexique. A titre d'exemple, le cloud est désormais un acteur à part entière, mais vous n'entendrez que rarement, sinon jamais parler de l'autoroute de l'information.
«L'entreprise en réseau» est la dernière expression à s'inscrire dans le jargon des TIC et elle possède bien plus d'attrait que les candidats habituels. Introduite par l'analyste McKinsey, l'entreprise en réseau s'avère déjà une partie vivante et indissociable du monde des affaires. Elle désigne l'adoption élargie des technologies et méthodologies avancées par une entreprise. «Non seulement ces entreprises ont plus de chance de devenir des leaders du marché ou gagner des parts de marché, nous explique McKinsey, mais elles utilisent des pratiques managériales qui produisent des marges plus élevées que les entreprises utilisant le web de façon plus limitée».
Mais ceci n'est que la dernière d'un large éventail de que SAP pourrait décrire comme une transformation numérique au sein de l'économie numérique. Ce qu'on appelle les concepts de prochaine génération sont là pour ouvrir des portes qui n'existaient pas auparavant et les traduire en nouvelles opportunités commerciales.
Prenons l'exemple d'Uber, qui représente la tendance à travers le monde et la quintessence du bouleversement technologique. Uber utilise la technologie pour transformer un modèle dépassé d'entreprise - celui de l'industrie mondiale des taxis à compteur. Le principe n'est pas nouveau - bouleversé la vieille garde a été le trait distinctif de notre époque. Il suffit d'observer les sables mouvants envahissant les industries du cinéma, de la musique et de l'édition et reconnaître presque que ces bouleversements étaient inévitables.
Un autre exemple comprend M. Pesa, d'origine kenyane, qui met en place actuellement une révolution encore sous-estimée de Mobile Money (l'argent par téléphone portable) ; il y a aussi Meerkat et ses pairs qui provoquent un changement de paradigme dans la diffusion en live. Ceux qui savent manier les médias sociaux et l'information en ligne se transforment en millionnaires sur YouTube. Rien n'est vrai dans l'adage "Si vous le construisez, ils viendront tous". En revanche, le Web 2.0 permet à ceux qui s'y consacrent de semer leurs jardins virtuels et récolter ses fruits.
L'économie numérique est parfaite pour les entrepreneurs, dans le sens qu'elle offre des opportunités d'affaires et d'accès aux marchés à travers le monde, et aux individus de proposer des services innovants personnalisés à la clientèle, tout en servant les grandes entreprises. Les économies d'échelle n'auraient jamais pris le relai si les entreprises n'étaient pas intervenues avec la location de serveurs virtuels, l'hébergement des services et les nombreux avantages rentables, disponibles désormais grâce à la convergence de la connectivité internet. Ce réseau d'investissement en gros a considérablement réduit les barrières à l'entrée, en mettant les outils de niveau entrepreneurial entre les mains d'un nombre croissant d'entrepreneurs.
Les services Web 2.0 cultivent également leurs propres écosystèmes, généralement à travers les interfaces de développement de programmes d'application (developer application programme interfaces - API), générant ainsi encore plus d'opportunités. Quelques unes des applications les plus prometteuses ont été développées par des tierces parties. Les exemples les plus évidents sont les mondes mobiles d'Appel et de Google : pratiquement chacune des applications qui les démarquent provient d'autrui, souvent de toutes petites équipes de développeurs.
L'économie numérique et la transformation numérique permettent aux entrepreneurs locaux de se préparer à devenir compétitifs. Mais les innovateurs africains doivent, pour faire des vagues, trouver les outils technologiques idoines susceptibles de réaliser leurs ambitions - qu'il s'agisse de s'engager dans un réseau d'entreprises en ligne tel qu'Ariba, trouver les failles dans les logiciels commerciaux actuels API, ou de plonger dans des solutions à même de servir le marché grandissant des mobiles dans le continent, et contribuer à la prospérité de l'Afrique.
Les grandes entreprises peuvent, en même temps, continuer à s'adresser aux gouvernements et aux consommateurs grâce au déploiement d'une meilleure connectivité qui met la technologie à la disposition de tous. Les dividendes sont évidents pour des pays tells que le Rwanda, qui a massivement investi dans l'infrastructure de l'internet.
La numérisation a impulsé une croissance économique gigantesque à travers le monde, générant six millions d'emploi rien qu'en 2011. On en trouve, en conséquence, partout le codage des logiciels et, bientôt, les connaissances en informatique se révèleront un facteur important dans la création de nouvelles entreprises. Néanmoins, moins de 1% des enfants africains possèdent les aptitudes de codage de base en quittant l'école. La société de recherche IDC prévoit que d'ici 2020, le manque de compétences pour les rôles numériques sera de 15 millions (développeurs d'applications, codeurs, etc.). Ce déséquilibre est on ne peut plus évident, d'où la nécessité impérieuse que les entreprises et les gouvernements œuvrent conjointement en vue de lancer des initiatives susceptibles de promouvoir le développement des compétences dans ce domaine.
Bien que les opportunités soient en croissance continue dans l'économie numérique, un accès facile signifie également une concurrence accrue. Le résultat est que les entrepreneurs locaux ne doivent pas dépérir ou dormir sur leurs lauriers, pas plus que les grandes entreprises ne doivent ignorer leurs responsabilités. La transformation numérique a relié les deux comme jamais auparavant. Si les mégaentreprises reniflent les bonnes affaires, c'est en Afrique qu'elles les cherchent - et l'Afrique devra savoir en tirer profit. Si le continent doit poursuivre son essor, le mieux que nous puissions faire est de permettre aux gens de saisir les opportunités que l'économie numérique leur offre.


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