Marseille et sa région ont inspiré les plus grands. Ceux qui sont passés par là n'ont pas oublié la beauté des paysages et la qualité des lumières. Tout ceci a fait l'objet d'un archivage au musée des Beaux-arts de Marseille. En effet l'exposition, «le grand atelier du Midi» propose des œuvres signés Picasso, Van Gogh, Matisse, Cézanne, Monnet ou encore Bonnard après leur passage dans le midi. Un résultat coloré et inspiré.... Il peignait les visages, les paysages, les rues mais jamais ils n'oublieront leur passage à Marseille. Il y a eu, pour la plupart un avant et un après et ils ont tous avoué. Picasso a avoué qu'à Paris, il n'a jamais peint la flore et qu'il a peint dans le Midi des choses qu'il ne soupçonnait pas. «Dans les années 1950, Picasso a largement exploré la thématique de la civilisation méditerranéenne sur tous les supports, peintures, gravures, lithographies et a embrassé l'art de la céramique avec autant de génie et de vitalité que la sculpture et la peinture». La référence de l'impressionnisme, Auguste Renoir, qui considérait que le noir n'était pas une vraie couleur en a pris plein les yeux dans le Midi, et se retrouve dans le sud, certes pour faire face à des problèmes de rhumatisme, mais il y découvrira une inspiration qui ne ressemblait à aucune autre.Van Gogh est sûrement celui qui a été le plus séduit. Ses œuvres sur le sud et surtout sur Arles auront marqué par leurs couleurs, leur tendresse, la découverte des moissons, des champs, des paysans, de la vie du sud de la France. «À Arles, des idées plus anciennes sur l'art et la peinture réapparaissent, comme faire des séries de tableaux», explique le commissaire de l'exposition. Le peintre réalisera alors une série de tableaux sur les vergers fleurissants dans des triptyques, de portraits comme ceux de la famille Roulin, une série de tournesols. Il inspire même d'autres collègues à venir le suivre comme Paul Gauguin qui viendra le rejoindre afin de travailler ensemble, par exemple sur la série de tableaux consacrés aux Alyscamps. Néanmoins, les deux hommes s'entendent mal : la tension et l'exaltation permanentes qu'implique leur démarche créatrice débouchent sur une crise. C'est à la suite de cette crise et d'une violente dispute que Van Gogh perd le lobe de son oreille gauche... Le Midi l'aura marqué à vie. Cezanne n'échappera pas à la beauté du Midi non plus en tant que «père» de l'art moderne, tel que le considéraient Braque, Matisse ou Picasso. Les termes de «forme» et de «couleur», qui peuvent paraître opposés, se trouvent intimement mêlés dans une complémentarité révélée par Cézanne : «quand la forme est à sa richesse, la couleur est à sa plénitude». Le Midi est aussi un lieu de villégiature pour les artistes liés au mouvement dada et au surréalisme. L'exposition se conclut sur une section consacrée à l'émergence d'une nouvelle écriture qui mène aux différentes formes de l'abstraction: Miró, de Staël, Van Velde... «Le volet marseillais du grand atelier du Midi est centré sur la question du flamboiement et de l'arbitraire de la couleur, depuis le Van Gogh arlésien jusqu'aux fauves et jusqu'à Bonnard. Il évoque aussi les territoires de l'imaginaire, la poursuite d'un rêve hédoniste, la quête d'un âge d'or. Une nouvelle Arcadie où l'antiquité peut être revisitée, l'ailleurs toujours rêvé et où les mythologies revivent dans la beauté des paysages et l'intensité de la lumière. Ces rivages du Midi se peuplent alors de faunes et de dryades... », expliquera le guide dans une description détaillée de l'œuvre de ses artistes. Le jaune est présent. Comme si tous ces peintres avaient capté la couleur du midi. «Depuis les premiers voyages de Renoir et de Signac, le Midi, terre d'échanges ouverte aux autres rives de la Méditerranée, a été une source infinie d'inspiration pour les peintres, un grand atelier à ciel ouvert. L'exposition suit le fil d'Ariane de ces échanges sur une chronologie longue, de 1880 à 1960, en illustrant les différents mouvements qui ont jalonné la fin du XIXe et le XXe siècle, de l'impressionnisme au post-impressionnisme, en passant par le fauvisme, le cubisme, les expériences des surréalistes et l'abstraction. Cette exposition-événement, composée de deux volets simultanés présentés à Marseille et à Aix-en-Provence, réunit quelque deux cents chefs-d'œuvre». Des chefs-d'œuvre à découvrir jusqu'au 13 octobre prochain en deux volets, l'un à Marseille au Musée des beaux-arts fraîchement rénové, l'autre à Aix-en-Provence au Musée Granet. Au total, près de 200 chefs -d'œuvre de plus de 115 prêteurs publics et privés dans le monde entier sont à découvrir : 99 exposés à Marseille pour le volet «De Van Gogh à Bonnard» et 90 à Aix, pour le volet «De Cézanne à Matisse». «Cette exposition majeure est le résultat d'une aventure commune et d'un travail d'équipe avec le Musée Granet à Aix-en-Provence qui aura duré plus de deux ans!». Un travail à saluer et une découverte émouvante d'un travail de génies...La lumière a changé des visions, des façons de travailler, de voir les choses. Le pouvoir de la beauté des paysages a inspiré et a permis la découverte d'autres courants artistiques même pour des virtuoses et des artistes déjà établis. Dans les couloirs du Musée des beaux arts de Marseille, on parcourt facilement l'histoire de l'art avec l'impressionnisme, le post-impressionnisme, le fauvisme, le cubisme, le surréalisme et l'abstraction grâce à la Méditerranée ! Une région que les plus grands ont eu besoin de retracer pour ne pas oublier et pour nous le faire partager des centaines d'années plus tard, parce que, selon un certain Van Gogh : «Je crois donc qu'encore après tout l'art nouveau est dans le Midi». Parole d'un visionnaire...