Ali Bensouda, Administrateur et directeur général de Finéa. Les ECO : Finéa a présenté récemment des résultats financiers positifs. A quoi est due cette performance ? Ali Bensouda : Nos réalisations en 2012 sont en effet positives. En 2007, nous étions à 50 clients et à fin 2012 nous sommes à plus de 500 clients, avec 4 milliards de DH d'engagements, sachant qu'en 2007 nous n'étions qu'à 700 millions de DH. Cela prouve toute la légitimité de la redynamisation des activités de notre établissement et son passage de CMM à Finéa. D'abord, le changement n'est pas uniquement fondé sur la dénomination sociale, mais résulte également d'une réflexion menée en 2012 sur le positionnement stratégique de l'établissement, qui tend à apporter davantage d'inflexion dans le financement des TPME et une innovation dans l'offre de produits et services. Nous escomptons dans le cadre du plan 2013 - 2017 de financer plus de 1.500 PME - TPE pour plus de 10 milliards de DH Quel est concrètement le périmètre d'intervention de Finéa dans le financement de la TPME ? Nous finançons le fonds de roulement de l'entreprise adjudicataire de marchés publics en particulier, en lui apportant aussi les différentes cautions nécessaires et exigées par son donneur d'ordre. Il est à noter, au passage, que la commande publique représente plus de 150 MMDH. L'intervention de Finéa, pour les 5 prochaines années et dans le cadre de son plan stratégique, repose sur le renforcement de ses «gènes» en renforçant son financement pour les entreprises opérant dans la commande publique et l'introduction progressive de nouveaux produits et services innovants, utiles pour le développement de l'entreprise Qu'est ce que vous proposez de différent par rapport aux autres organismes d'accompagnement déjà existants ? Nous ne nous plaçons pas dans une logique de concurrence. Nous croyons dans l'initiative du marché et dans le financement de l'économie et de l'entreprise via les marchés financiers (bancaire et des capitaux). Nous proposons une complémentarité, une alternative au manque de financement de la TPME. C'est au moment où l'entreprise ne présente pas les pré-requis demandés par la banque par exemple que nous intervenons pour lui apporter le financement pour réaliser ses marchés et la garantie, le cas échéant, pour la crédibiliser en vue qu'elle puisse dans quelque temps lever seule les financements qui lui sont nécessaires. Lorsque l'entreprise est au niveau des limites fixées par sa banque le cas échéant nous lui apportons le complément de financement. C'est pour cela que Finéa est un établissement de place qui agit en parfaite synergie et complémentarité avec le secteur bancaire. En facilitant ainsi l'accès des entreprises au financement dans le cadre de sa mission duale «intérêt général - rentabilité», Finéa facilite également aux TPME l'accès à la commande publique. N'y a t'-il pas de logique de rentabilité dans la stratégie Finéa ? Le modèle économique de Finéa est de faciliter l'accès des entreprises au financement, en respectant la mission duale qui lui est assignée : intérêt général et rentabilité. Pour ce faire, nous faisons, au sein de Finéa, de la maîtrise des risques et de la performance opérationnelle les garants pour la réalisation de la mission qui lui est assignée. Quels sont les pré-requis que demande aujourd'hui Finéa avant d'accepter de financer une structure ? Fînéa déploie une politique de gestion globale des risques couvrant les différentes facettes de risques auxquelles elle est exposée de par sa mission. Ainsi, les autorisations de financement accordées à une entreprise sont décidées par les instances de crédit mises en place sur la base des dossiers présentés par le pôle développement et contre analyses par le pôle engagements, en respectant le dispositif de risque crédit mis en place et le système de scoring qu'il comprend. Ainsi, en fonction des différentes lignes accordées, un certain nombre d'engagements de la part de l'entreprise doit aussi être honoré, à commencer par le nantissement des marchés. Dans cette conjoncture difficile qui a vu croître le besoin en financement des PME, Finéa a-t-elle vu croître le nombre de demandes d'accompagnement ? Pour notre part, dans cette conjoncture particulière, nous avons continué à apporter notre concours au financement de la PME qui s'est traduit à travers nos réalisations au 30 juin 2013 et qui a vu notre financement octroyé à plus de 600 entreprises pour plus de 4,500 MMDH. Votre priorité serait le BTP, en raison de la prédominance de ce secteur dans les marchés publics. L'entreprise compte-t-elle cependant opérer une diversification ? Le BTP, c'est 80% de la commande publique. Vous imaginez donc pourquoi ce secteur occupe une part importante dans notre portefeuille. D'ailleurs, 80% des entreprises que nous accompagnons sont dans le secteur du BTP. Les 20% restantes varient entre l'industrie, l'IT et d'autres secteurs d'activité. Maintenant, il faut également souligner que nous n'avons pas de secteur black-listé. Nous souhaitons accompagner toutes les TPME qui s'intéressent aux marchés publics, mais également privés. C'est aussi une sorte de diversification, du moment que ces entreprises répondent à notre grille de lecture. De plus, si demain une entreprise marocaine souhaite s'engager à l'export, nous sommes prêts, dès l'année prochaine, à l'accompagner.