Si le dernier classement du Washington Post ne fait que renforcer des convictions sur la course à l'attractivité que se livre, depuis une décennie déjà, le Maroc et l'Afrique du Sud sur le volet des IDE, il faut savoir que la dimension concurrentielle, dans les relations entre les deux pays, est beaucoup plus exacerbée qu'elle n'y paraît. Le jeu est de dresser le positionnement économique et les régions d'influence de chacune des deux économies dans le continent. Force est en effet de constater une véritable joute interposée au leadership continental, dans une conjoncture internationale qui joue parfois de très mauvais tours aux protagonistes. Si les pions et les stratégies diffèrent, les enjeux et ambitions sont les mêmes...ou presque ! Maroc Telecom : Le groupe est présent dans quatre pays d'Afrique subsaharienne francophone, par prises de participations majoritaires (+50%) : la Mauritanie depuis 2001 (Mauritel), au Burkina Faso depuis 2006 (Onatel), au Gabon depuis 2007 (Gabon Telecom) et au Mali depuis 2009 (Sotelma). À fin juin dernier, ces filiales affichaient un chiffre d'affaires global de 3,8 MMDH, en progression de 9% par rapport à 2011. Attijariwafa bank : Outre sa filiale tunisienne (Attijari bank Tunisie), l'enseigne jaune et ocre est en effet présente au Sénégal via la CBAO. À fin 2012, ces deux filiales étaient parmi les principaux contributeurs au RNPG du groupe, avec respectivement 5% et 2%. L'enseigne est aussi présente au Burkina-Faso, en Guinée Bissau, au Mali, en Mauritanie, en Côte-d'Ivoire, au Congo, au Gabon, au Cameroun et désormais sur le marché nigérien depuis 2012. BMCE Bank : L'enseigne détient depuis 2010 la majorité des participations au sein du groupe Bank of Africa, marquant ainsi sa présence sur 15 pays africains à travers 16 banques commerciales et plusieurs sociétés financières. À fin 2012, le total bilan de BOA s'élevait à quelque 4,4 milliards d'euros, soit +14 % comparé à 2011. La banque bleue est aussi présente au Mali via la Banque de développement du Mali et la Congolaise de banque. Royal Air Maroc : Ndjamena au Tchad devrait être la prochaine destination du pavillon national marocain, à partir de décembre. En pleine optimisation de ses activités, la compagnie mise beaucoup sur le continent pour compenser la rude concurrence du low-cost sur les lignes en provenance et à destination d'Europe. Son réseau se compose aujourd'hui déjà de près d'une vingtaine de dessertes, de Dakar à Bangui, en passant par Lomé. À fin 2012, le transporteur réalisait un résultat d'exploitation de 718 MDH, soit +7% par rapport à 2011. Casablanca Finance City : Ce projet de place financière, porté par le Moroccan Financial Board (MFBoard), une structure à capitaux public-privés, ambitionne de faire de Casablanca un hub financier régional en Afrique. La forte croissance économique des économies africaines et le développement des investissements marocains en Afrique subsaharienne sont à la base de l'initiative. MTN : L'opérateur sud-africain vient de franchir le cap des 200 millions d'abonnés à fin juin dernier, sur l'ensemble de sa quinzaine de marchés d'implantation, en progression de 6,5% par rapport au premier semestre 2012. L'enseigne a clôturé son exercice de l'année dernière avec des revenus globaux en progression de 135 milliards de rands sud-africains. MTN était candidat à la reprise du groupe Maroc Telecom, avant de se retirer au profit de l'émirati Etisalat. Standard Bank Group Avec un total bilan dépassant les 183 millions de dollars US en 2012, la banque sud-africaine reste la première de son secteur sur le marché local et du continent, selon plusieurs classements basés sur les profits dégagés. La RDC est le seul marché francophone sur lequel Standard Bank Group oeuvre, le gros de ses intérêts étant localisé sur les marchés anglophones, du Ghana et du Kenya, en passant par le Nigéria et la Namibie. Nedbank Group : Elle est l'une des structures sud-africaines les plus ambitieuses en termes de politique de développement sur le continent. À fin juin dernier, le groupe affiche un bénéfice net courant en progression de 13%, sur un an à près de 4 milliards de rands sud-africains. Récemment, la banque signait un accord de coopération avec Bank of China (BOC) pour promouvoir les flux commerciaux et d'investissements entre la Chine et l'Afrique. South Africa Airways : Le géant sud-africain dessert une trentaine de destinations, rien que sur le continent, de Dakar à Johannesburg. En 2011, la compagnie annonçait un CA de 3,182 milliards de dollars, soit +5% par rapport à 2010. SAA est aujourd'hui dans une logique de multiplication des coopérations internationales pour mieux asseoir sa domination dans le ciel africain. En début du mois dernier, elle signait avec la compagnie américaine JetBlue, un accord de «share code» sur ses lignes desservant New York JFK et Washington Dulles, aux USA. Johannesburg Stock Exchange C'est sans conteste la plus grande place financière du continent avec une capitalisation boursière globale de près de 900 milliards de dollars US à fin 2012. JSE abrite les plus grosses capitalisations du continent et du monde dans leur secteur respectif, allant du géant australien des mines BHP Billion, au producteur de bière SAB Miller, en passant par le leader des télécoms, MTN. À fin juin 2013, JSE Limited, la structure de gestion de la place financière, annonçait des résultats d'exploitation en progression de 16% à 794 millions de rands sud-africains. JSE a également des ambitions panafricaines...