Il aura fallu un peu plus d'un trimestre au département de l'Agriculture pour passer à la phase concrète de sa nouvelle stratégie, dédiée au secteur support du conseil agricole. Un Project management office (PMO) est déjà mis en gestation. De fait, ce bureau de projet devrait servir, comme l'appellation l'indique, au pilotage du nouveau dispositif du Conseil agricole, constitué d'une douzaine de projets, allant de la constitution d'un cadre réglementaire à l'amélioration des compétences des intervenants publics et privés. Aziz Akhannouch, ministre de tutelle, a en effet décidé de prendre à bras le corps le défaut de conseil aux agriculteurs, un facteur handicapant pour les objectifs du Plan Maroc Vert (PMV). Le dispositif existant à ce jour, dit de «vulgarisation», ne couvre en effet que 5% des opérateurs agricoles, selon les statistiques officielles, correspondant au ratio d'un vulgarisateur pour 3.800 agriculteurs sur le plan national. L'écart est énorme entre l'offre et le besoin. La feuille de route, présentée en mars dernier par le ministre, se veut claire. Trois pistes de réforme sont dégagées. L'une d'entre elles, qui semble d'ailleurs bien liée à ce projet de mise en place du PMO, mène tout droit vers la création de «structures de gouvernance publique et privée pour mener une coordination globale du dispositif». C'est une manière pour la tutelle d'impliquer et de responsabiliser les représentations des interprofessions agricoles. L'autre mesure consiste à redynamiser l'offre de services de l'Etat, à travers «la modernisation des structures de proximité, la restructuration du réseau autour de 16 centres régionaux et la mise en place de nouveaux outils modernes de communication et de gestion des connaissances», explique-t-on auprès de la tutelle. La troisième étape de cette réforme se penchera enfin sur le privé. Là, Akhannouch promet un grand désherbage. Cadre réglementaire Les fondations de ce dernier chantier reposeront sur l'instauration d'un cadre réglementaire régissant le conseil agricole privé, la création de cabinets publics/privés, ainsi que la subvention des prestations fournies par les opérateurs auprès des agriculteurs. Aujourd'hui, les enseignes spécialisées dans le domaine sont une cinquantaine. Elles viennent d'ailleurs de s'organiser en créant une structure représentative, l'Association marocaine des ingénieurs-conseil agricoles (AMICAGRI), pour un potentiel d'activités chiffré à «quelque 200 millions de dirhams», selon Ali Elissigui, le président de l'organisme naissant. Ce dossier sera sans doute l'un des plus promptement bouclés, parmi le lot de projets entamés à travers le Plan Maroc Vert. Un avant-projet du texte réglementaire du conseil agricole est déjà proposé. Cette rapidité témoigne de la ferveur qui s'est emparée des services de la tutelle pour avancer ses ambitions, et que justifierait peut-être l'obligation de concrétiser, à quelques mois des examens de fin de mandat du gouvernement actuel. Point de vue: Ali Elissigui, Président de l'Association marocaine des ingénieurs-conseil agricoles La future mise en place de ce PMO montre au moins que les choses bougent auprès de la tutelle et nous rassure sur l'avancement des chantiers de la réforme, en attendant l'adoption de la loi devant régir la profession. D'ailleurs, quelques modifications ont été apportées sur l'avant-projet de cette loi, présenté en mars dernier pour organiser le métier. Ces changements portent par exemple sur le projet de création d'un Office national du conseil agricole (ONCA). Cette structure devrait ainsi se charger, entre autres missions, de délivrer des agréments d'activité. Elle devrait de ce fait abriter le comité d'attribution de ces agréments. Concernant l'AMICAGRI, il faut dire que nous n'avons pas beaucoup avancé. Nous avons prévu d'accélérer le rythme des activités et des adhésions dès la rentrée prochaine. Nous avons en projet un atelier de travail sur la profession, en présence probablement du ministre Aziz Akhannouch. Ce sera pour nous une occasion de contribuer au débat de la nouvelle stratégie du ministère, en tant que professionnels. Nous sommes en contact avec certains responsables de la tutelle dans ce sens.