Aziz Akhannouch ne perd pas de temps. Le ministre de l'Agriculture et de le pêche maritime avait promis, il y a juste quelques semaines, de mettre de l'ordre dans le secteur du conseil agricole privé. Le voilà qui passe déjà au concret. Depuis le 31 mars dernier, un projet de texte de loi portant sur ce secteur, est mis en ligne sur le portail du Secrétariat général du gouvernement. Le prochain Salon international de l'agriculture de Meknè devrait être l'occasion de faire le point sur l'évolution de ce dossier (du 27 avril au 1e mai). En attendant, l'Association marocaine des ingénieurs-conseil agricoles (Amicagri), regroupant pour le moment qu'une dizaine d'opérateurs privés du conseil agricole, vient de voir le jour. «Ce nombre devrait se situer autour de la centaine d'ici la fin de l'année, puisque les adhésions se font de plus en plus fréquentes», projette Ali Elissgui, le président de la toute jeune représentativité. Mais au-delà du contexte bien stratégique, la création de l'Amicagri vient aussi faire sortir de l'ombre tout un tissu économique, dont l'existence était relativement occultée toutes ces dernières années. On parle là «d'un potentiel de chiffre d'affaires estimé à quelques 200 millions de dirhams», selon Eliguissi, rien qu'avec une centaine de cabinets conseils privés déclarés et connus. La totalité de ces sociétés sont des TPE, d'une vingtaine d'employés pour les plus développées. Gangrène nommée «informel» Toutefois et comme on pouvait s'y attendre d'ailleurs pour un secteur si peu organisé, la partie immergée de l'iceberg est bien sûr la plus grande, et est «largement sous l'emprise de l'informel et du travail au noir. «Combattre ce fléau sera l'un de nos principaux projets. Il s'agira en effet de réhabiliter le statut de l'ingénieur conseil agricole, grâce entre autres au projet de réglementation du secteur», nous explique Elissigui. D'autre part, l'Amicagri prévoit également d'apporter son soutien à la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, d'initier et de développer des partenariats avec d'autres organismes nationaux et internationaux. Toutefois, toute cette bonne volonté, semble aujourd'hui quelque peu contrariée. Mise à l'écart ? L'Amicagri se sent aujourd'hui mise à l'écart des débats et a l'impression qu'Akhannouch veut aller en solitaire sur le chantier législatif d'un secteur dont ils sont eux mêmes les principaux acteurs. Pour preuve, à près d'une semaine jour pour jour, l'association et ses représentants ignoraient encore tout du projet de loi censé organiser leurs propres activités, et ne savaient pas qu'une première mouture était déjà lancée dans le circuit décisionnel. Ce qui veut dire, en d'autres termes, qu'ils n'ont pas contribué aux débats précédant la mise en forme de ce texte législatif. Les raisons de cette mise à l'écart seraient peut être à chercher du côté de l'existence récente de l'association qui, finalement, est peut-être encore peu expérimentée et pas assez bien structurée pour faire entendre sa voix. «La tutelle est pourtant bien au courant de notre existence en tant qu'entité légale et représentative», revendique le président de l'Amicagri . S.F