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Les conseillers agricoles en quête de légitimité
Publié dans Les ECO le 12 - 07 - 2011

En 25 ans, le nombre de conseillers agricoles au Maroc a baissé de 60%. On compte aujourd'hui un conseiller pour 6.300 agriculteurs. Ces chiffres du ministère de l'Agriculture en disent long sur l'évolution de cette profession peu connue du grand public. Pour la petite histoire, le métier du conseil agricole a démarré avec l'ACACMA ( organisme de conseil agricole public). Vers la fin des années 90, cet organisme a mis la clé sous le paillasson, ce qui a poussé plusieurs cadres à se lancer dans l'aventure de création de leurs propres cabinets de conseil. Le début des années 2000 a été marqué par la création d'une poignée de structures privées. À l'époque, leur mission se limitait au conseil qualité. Par la suite, la tendance de création des cabinets de conseil s'est accentuée notamment en 2006, avec le plan de départ volontaire au ministère de l'Agriculture. «À cette période, les anciens fonctionnaires et cadres du ministère avaient trouvé opportun d'exploiter leur expérience et connaissances dans le conseil agricole», nous explique Ali Elissigui, directeur général de Fellah Conseil et président d'Amicagri. Tout cela pour dire que le conseil agricole est un vieux métier dont l'exercice est resté limité au niveau des grandes structures. Ce constat s'explique par plusieurs raisons, pour ne citer que les coûts jugés relativement inaccessibles, la rude concurrence rude menée par les conseillers opérant dans un cadre informel, et l'absence d'une législation spécifique. La donne devra changer notamment avec la création de l'association des ingénieurs en conseil agricole au mois de mars dernier et la confection d'un projet de loi visant la structuration et l'organisation de la profession. Bref, les professionnels commencent à voir l'avenir d'un œil plus optimiste.
Faible demande
Actuellement, le marché compte plus de 50 cabinets de conseil. Toutefois, selon Elissigui, le secteur de l'agriculture n'est pas encore mature pour créer une demande qui pourra répondre à l'offre présente. Selon lui, ce secteur est constitué de trois types d'entreprises : les grands domaines, les moyennes entreprises et les petits agriculteurs. Il faut dire que toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont conscientes de l'importance du conseil comme maillon fort pour garantir leur compétitivité. Il y a lieu de signaler que le conseil agricole permet à l'entreprise «d'augmenter sa rentabilité de 10 à 20%, ainsi que la qualité de ses produits», ajoute Ali Elissigui. Chacune d'entre elles pourtant a une perception différente dans le choix de son conseiller. Pour les grandes entreprises, elles n'ont pas confiance dans les experts nationaux, et préfèrent recruter des experts agricoles privés français, espagnols ou d'Afrique du Sud. «Ils estiment que ces experts étrangers sont les seuls capables d'apporter leur expertise en oubliant que les experts locaux maîtrisent mieux les caractéristiques spécifiques du pays», déplore notre source. Les moyennes entreprises, quant à elles, font généralement appel aux conseillers en free-lance. En réalité, le secteur du conseil en agriculture est parasité par la concurrence informelle. Ce sont généralement des cadres dans des entreprises d'agriculture, au ministère ou encore des professeurs universitaires, qui exercent cette profession en parallèle avec leur activité principale. Ces derniers facturent la journée à un coût variant entre 1.000 et 2.000 dirhams, alors que les cabinets de conseil structurés, facturent la journée de conseil assurée par un conseiller junior à 3.000 DH TTC, et 6.000 DH TTC pour un conseiller senior. Cela étant, les trois missions de conseil dont l'entreprise a besoin chaque année, lui coûtent à peu près 200.000 DH TTC si elle fait appel aux prestations de service d'un cabinet privé, au moment où elle pourra obtenir les mêmes conseils pour un coût ne dépassant pas les 80.000 DH auprès d'un conseiller free-lance.
Conseil collectif
Pour Ali Elissigui, le système fiscal ne favorise pas la création des cabinets, mais encourage les prestataires informels. «Actuellement, le secteur agricole est exonéré de TVA et malgré que l'accessoire suit le principal, nous ajoutons 20% de TVA sur nos factures, une variable qui rend le coût de nos services moins compétitif». En termes d'opportunités, le créneau qui reste porteur est celui des petits agriculteurs. Elissigui nous explique que «c'est une cible importante et sauf que nos coûts sont lourds pour ce type de structures». En effet, un petit agriculteur ne pourra supporter les coûts d'un cabinet de conseil. Pour cela, Elissigui ajoute que l'association des professionnels du conseil agricole, a proposé à ces derniers de s'organiser en association pour bénéficier du conseil collectif. Dans ce sens, l'ambition de ces professionnels est que l'Etat prenne en charge une partie des frais. Selon eux, la subvention des services est plus importante que la subvention des matériaux. «Sans l'accompagnement humain, les moyens matériels n'auront aucune utilité», conclut notre expert. Pour rappel, au mois de mars dernier, le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime avait lancé une nouvelle stratégie de développement du conseil agricole, dans le cadre du Plan Maroc vert pour le développement agricole à l'horizon 2020. Cette stratégie vient en réponse à de nombreuses déficiences dans le dispositif actuel, dit de vulgarisation, notamment sa faible couverture, ses moyens inadaptés et la faiblesse des ressources humaines et financières qui lui sont consacrées. Il s'agit de développer le conseil agricole privé, avec un cadre légal approprié, dans le but de protéger le consommateur, mais aussi un cadre pour encourager l'investissement, ainsi que le subventionnement dégressif des prestations du conseil agricole dans certaines conditions. La pluralité des acteurs du conseil agricole ainsi consacrée a vocation de stimuler la performance des conseillers et d'améliorer le service aux agriculteurs, en adaptant l'offre à leurs besoins spécifiques. Il est aussi question du renforcement et de la formation des effectifs des conseillers, ainsi que de la mise en place de nouveaux outils modernes de communication et de gestion des connaissances. L'objectif est de proposer un conseiller pour 2.900 agriculteurs en 2011, pour passer à 1.650 en 2015.
Point de vue: Sadiq Idrissi, Directeur général de PCM Consulting
Le premier handicap devant le développement de notre métier est l'anarchie. Cette dernière est due à un manque d'organisation. Heureusement, cette année, nous assistons au premier pas vers la restructuration du secteur à travers la création de l'Association des professionnels du conseil agricole «Amicagri», ainsi que le projet de loi de l'organisation du métier. Actuellement, le marché est marqué par une offre limitée, face à une grande demande potentielle. Aussi, l'offre qui existe sur le marché n'est pas adaptée à la demande. Autrement dit, il n'existe pas de spécialité par domaine agricole. La profession souffre aussi d'un déficit au niveau de la formation. Pour remédier à ces handicaps, l'Etat doit garantir à ces conseillers un environnement d'affaires motivant. Il est également appelé à revoir la carotte fiscale relative à cette profession. Enfin, il doit accompagner les jeunes lauréats à travers le coaching, la formation et les mécanismes
de financement adaptés.
Point de vue: Ali Elissigui, Directeur général de Fellah Conseil et président d'Amicagri
La mission principale d'un conseiller agricole est d'aider les agriculteurs à prendre leurs décisions au niveau du choix des cultures, des investissements... Il effectue également des études de marché au niveau régional. C'est l'aspect le plus connu du métier : l'aide à la décision. Le conseiller analyse d'abord le fonctionnement global de l'exploitation. Il définit ensuite avec l'exploitant un projet de développement, en estime le coût financier, précise les objectifs à atteindre, établit un calendrier des opérations, assure le suivi, et fait intervenir les autres conseillers sur des points précis. Dans ce rôle, le conseiller agricole apporte un appui aux agriculteurs à partir de références construites. Son travail : collecter, puis mettre à la disposition des agriculteurs, sous une forme directement utilisable, les résultats des centres de recherche. Ces références permettent d'améliorer ou de réorganiser les systèmes de production, autrement dit les diverses combinaisons possibles de cultures. Elles fournissent également des méthodes ou des outils de gestion destinés à optimiser la conduite de l'exploitation. Le conseil spécialisé porte sur un domaine pointu, tel que les techniques de production, le machinisme agricole, hydraulique.... Il s'adresse aux exploitants. Dans ce cas, le conseiller de terrain travaille en relation avec les conseillers d'entreprise. La petite région est la zone d'intervention du conseiller de terrain.
Point de vue: Mohamed Alaoui, Directeur général PhytoConsulting
Le rôle du conseiller passe par l'écoute des besoins exprimés par des groupes d'agriculteurs, à partir de ces besoins, ce dernier élabore des projets précis. Il doit également insérer ses activités dans les programmes de développement local et il doit assurer la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des projets de développement. Cette activité peut prendre plusieurs aspects : analyse des marchés régionaux actuels ou potentiels, afin d'identifier des débouchés pour les exploitations ; développement d'une filière agricole régionale (approvisionnement des industries agro-alimentaires) ; études marketing pour accompagner des projets de production. Les conseillers peuvent être amenés à mettre en place des programmes de formation qui accompagnent les actions de développement, et à organiser des sessions de formation continue pour les agriculteurs. Sur le terrain, le conseiller doit effectuer de nombreux déplacements, bien que libre d'organiser sa tournée sur la base d'horaires réguliers. Le contenu de l'activité obéit à un rythme saisonnier qui commande lui-même le travail des agriculteurs et qui préside à l'organisation de son planning. Le conseiller doit être disponible et doté de bonnes aptitudes au contact humain. Il doit être tolérant et posséder de réelles qualités d'écoute. Très disponible au sein d'une relation d'aide, il doit aussi faire preuve de qualités d'analyse, de raisonnement et de synthèse. Il est apte à traduire les données de la recherche en conseils pour l'exploitant.


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