De nombreux spécialistes réunis par l'Université internationale de Casablanca dans la cadre d'un débat sur les nouveaux profils d'ingénieurs dressent le portrait robot de ce métier. Celui-ci présente aujourd'hui de nouveaux impératifs de compétences, qui doivent s'inscrire dans une stratégie gouvernementale ambitieuse, à l'horizon 2020. «Sans lui, il n'y a ni innovation, ni gain de productivité, ni réserves de croissance économique». Vous l'aurez compris, il s'agit là de l'ingénieur. «Le Maroc en compte dix fois moins par habitant que les pays européens. L'ensemble de ces chantiers représente donc des possibilités extraordinaires pour les ingénieurs du royaume», note Mourad Chérif, ancien président du conseil de surveillance de la Banque marocaine du Commerce et de l'industrie (BMCI), à l'occasion d'une rencontre initiée par l'Université internationale de Casablanca. Prenant l'exemple de l'ENSAM, Abdelhak Ambari, professeur à l'Ecole nationale supérieure d'arts et métiers (ENSAM) Paris Tech, propose des pistes autour de la formation des ingénieurs au Maroc. Ce dernier explique qu'«ils doivent être pragmatiques, polyvalents, dotés de hautes compétences techniques, mais aussi soucieux des enjeux sociétaux actuels et futurs. À côté des hard skills, les soft skills sont devenues essentiels. Dans une déclinaison du nouveau profil d'ingénieurs marocains, leur rôle consiste à être «un fédérateur de compétences, capable de faire travailler ensemble différents profils». «Les efforts qu'un ingénieur déploie pour parvenir à créer une équipe efficace représentent un tiers de l'énergie qu'il va dépenser au quotidien», précise Nicolas Simonin, directeur général de Jacobs Engineering SA, qui recrute plusieurs centaines d'ingénieurs par an. Plus encore, l'ingénieur marocain doit aujourd'hui être en mesure de travailler dans tous les domaines, dans la mesure où l'adaptabilité est devenue la clé. Les universités privées en pôle position Dans ce contexte, et au regard des nouvelles exigences du marché du travail, l'Université internationale de Casablanca se positionne en lançant de nouvelles formations au sein de son cursus d'ingénierie. C'est ce qu'explique Abdelilah Esmili, directeur de l'Ecole d'ingénierie de l'UIC, qui évoque la mission de l'université, consistant à «former des ingénieurs managers immédiatement opérationnels, avec un fort esprit d'entreprise». À travers le contenu même des formations de l'Ecole d'ingénierie, qui propose le parcours d'une grande école pluridisciplinaire d'ingénieurs Bac+5, avec des classes préparatoires intégrées, l'UIC ambitionne de former des ingénieurs capables d'accompagner le pays dans tous ses grands chantiers, notamment le plan Maroc Vert, le plan Maroc Numéric et le programme national de formation de 10.000 ingénieurs. Rappelons que ce débat s'inscrit dans un contexte bien précis. Le gouvernement se fixe pour objectif de former plus de 15.000 ingénieurs par an d'ici à 2015, et au moins 25.000 en 2020. Ce nouveau défi semble très complexe. Cela suppose d'augmenter la capacité d'accueil des établissements qui n'ont pas encore atteint un niveau de saturation, en leur accordant «les moyens financiers, humains et d'infrastructures», à même de leur permettre l'augmentation des effectifs sans altérer la qualité de la formation, ce qui suppose in fine de soulever la nécessité aujourd'hui de créer de nouvelles écoles d'ingénieurs.