Mériame Mezgueldi Artiste peintre Mériame Mezgueldi est une artiste peintre engagée. Elle peint de toute son âme la condition de la femme en général, au Maroc en particulier. Une vision large qu'elle puise dans sa bi-culturalité puisqu'elle est franco-marocaine. Elle expose son travail «Sois belle et tais-toi» au Sofitel Tour Blanche à Casablanca à partir de vendredi 25 avril. Les ECO : Pourquoi avoir choisi d'appeler l'exposition «sois belle et tais toi» ? Mériame Mezgueldi : Le titre de l'exposition est un clin d'œil à la situation de la femme un peu partout dans le monde. Être «féminine», c'est être belle et séduisante, peu importe que l'on soit intéressante, encore moins intelligente ! Bien sûr, les choses avancent et les capacités des femmes commencent à être reconnues, mais la marche est lente. Quel est votre regard sur la situation de la femme au Maroc aujourd'hui ? En tant que franco-marocaine, je n'ai bien sûr qu'une vision partielle des changements au Maroc. Il me semble tout de même que le pays est à la croisée des chemins. La volonté de modernisation est là et le pays connaît de grands progrès structurels et économiques... Mais dans un monde instable et inquiétant, cette volonté s'accompagne aussi d'un fort besoin de réaffirmer certaines valeurs traditionnelles. Et comme souvent ce paradoxe se reflète d'abord dans le comportement des femmes : les Marocaines sont de plus en plus actives professionnellement et de plus en plus voilées ! Comment la peinture est venue à vous ? Mon parcours est finalement assez classique. Une enfant qui dessinait beaucoup comme tant d'autres, qui n'a jamais perdu l'envie et que ses professeurs encourageaient...Puis la découverte des peintres classiques qui a aussi vraiment compté... Je me rappelle, ce n'est pas original tant pis, des toiles de Van Gogh qui ont été une révélation pour moi : l'explosion des couleurs, les thèmes de la vie quotidienne, l'émotion de l'artiste que l'on perçoit...De là à devenir artiste peintre, il y avait un gouffre que je ne m'imaginais pas franchir... Et pourtant ! Avez-vous un rituel de travail ? La plupart du temps, je m'isole dans mon atelier et je peins seule, en musique... Impossible pour moi de créer vraiment sans solitude. Une toile achevée est le produit de mille essais avortés et sans doute ces échecs sont-ils trop intimes pour être partagés. La musique est un support indispensable, elle rend la solitude moins pénible et catalyse mes émotions, pousse mon imagination. Qu'est-ce qui vous inspire ? Tout m'inspire ! Ou plutôt je ne sais pas dire vraiment pourquoi telle ou telle idée me vient. Tout de même, je me sens très réceptive à l'actualité, au monde qui m'entoure, aux gens en général, avec leurs joies, leurs souffrances, leurs peines. À travers les histoires multiples, je vois le caractère universel de la condition humaine. Et je crois que ma peinture reflète cela, passé au filtre de ma propre sensibilité, bien sûr... On sent une touche graphique moderne dans votre travail. D'où puisez-vous cela ? Eh bien, je suis très heureuse d'un tel compliment ! Sans doute, la touche «graphique» de ma peinture s'explique-t-elle par ma double formation. À côté d'un cursus classique en beaux-arts, j'ai également suivi une formation de graphiste numérique. J'ai travaillé plusieurs années dans ce domaine et je suis toujours très intéressée par la communication graphique. D'ailleurs, pour moi, la peinture dite «artistique» reste toujours un moyen de communiquer...certes autrement qu'avec les mots mais de façon peut-être plus personnelle. Quels sont vos projets ? J'ai plusieurs expositions en préparation, notamment en France. Mais à court terme, j'aimerais surtout que les toiles présentées au Sofitel de Casablanca puissent faire une carrière itinérante pour d'autres expositions, à Marrakech, Essaouira ou ailleurs...D'ailleurs, je souhaite vraiment approfondir mes liens professionnels avec le Maroc qui devient un pays vraiment riche en matière d'activité et d'actualité artistique et picturale. Ici, j'ai rencontré beaucoup de personnes et d'artistes remarquables, talentueux et pourtant humbles... Et grâce à l'amitié et la générosité de certains d'entre eux, comme le grand peintre Saad Ben Cheffaj, j'ai vraiment grandi comme artiste, je ne l'oublie pas.