● L'antenne marocaine du spécialiste de la restauration vient d'être épinglée par un lobby afro-américain lui reprochant de nombreux abus commis à l'encontre de ses salariés ● Sodexo Maroc rejette tout en bloc et invoque une lutte d'influence mondiale menée par un syndicat américain Une véritable offensive syndicale. C'est ce à quoi est confronté Sodexo. Le spécialiste français de la restauration et de la gestion d'établissements est visé par un rapport virulent qui énumère plusieurs pratiques abusives de l'entreprise à l'encontre de ses salariés dans cinq pays, y compris au Maroc, en Colombie, en Guinée, en République dominicaine et aux Etats-Unis. Le document est élaboré par le TransAfrica Forum, un lobby afro-américain à but non lucratif œuvrant pour la justice mondiale qui est actif en Afrique, aux Caraïbes et en Amérique latine. Depuis quelques jours, l'organisme a sorti l'artillerie lourde pour dresser son rapport contre Sodexo, à savoir que «plusieurs mois d'entrevues ont été menés sur le terrain avec des travailleurs de l'entreprise incluant les employés marocains du groupe». Il en ressort une longue liste de reproches dont une grande partie cible directement la filiale marocaine de Sodexo. Contactée par Les Echos quotidien, celle-ci rejette tout en bloc. «Depuis bientôt un an, Sodexo fait face à une campagne de déstabilisation à son encontre par un syndicat américain cherchant à détenir l'exclusivité au niveau du groupe», invoque Jamal Hamdouch, directeur général de Sodexo Maroc. Le responsable écarte donc tout conflit social au niveau de la filiale marocaine. Il est notamment reproché à celle-ci de commettre plusieurs abus dans le cadre de sa politique de rémunération incluant le non-paiement de certaines heures de travail, des réductions arbitraires du salaire mensuel. En réaction, le management de Sodexo Maroc affirme son respect du code du travail dans sa globalité, justfie de l'allocation d'une assurance (accident du travail et maladies professionnelles) pour l'ensemble des collaborateurs, en plus d'une assurance complémentaire (décès, invalidité et assurance gros risque). La filiale marocaine vante également pour 2010 un taux de fidélisation de ses collaborateurs de 93%, signe «d'un faible turnover des équipes et une stabilité dans notre organisation humaine», justifie Hamdouch. Les manquements relatés par le lobby afro-américain seraient aggravés par la situation précaire des employés marocains. Rappelons néanmoins que les salaires rapportés autant par Sodexo Maroc que par TransAfrica s'alignent sur le salaire minimum, autour de 2.100 dirhams. Sur le volet sécurité du travail et liberté syndicale aussi, la liste des abus opposés à Sodexo Maroc est longue. Impassible, le management de la filiale évoque une dernière enquête de satisfaction de son personnel ayant révélé un taux de 54%, quand les meilleurs employeurs au niveau de la chaîne mondiale affichent des taux de 60%. Jusqu'où ira le bras de fer ?