Le grand «rattrapage» que vient de réussir le gouvernement nigérien dans le dossier de l'exploitation de ses ressources en uranium, opérée par le groupe français Areva, marque le début d'une nouvelle ère. Il s'agit de celle de la réappropriation par le continent de ses ressources naturelles. D'autres pays du continent devraient bientôt lui emboîter le pas. C'est le cas de la Guinée, qui vient de revoir son code minier pour mieux faire bénéficier l'Etat des retombées de l'exploitation des mines guinéennes par les entreprises. Sauf que là, c'est l'effet contraire qui s'est produit : plusieurs compagnies minières ont plié bagage... sauf quelques géants qui ont su s'adapter aux changements. Mieux, d'autres sociétés ont senti le moment propice à l'investissement. La compagnie anglo-australienne Rio Tinto, par exemple, vient de décrocher un important contrat auprès du gouvernement guinéen pour l'exploitation d'un énorme gisement de minerai fer. Cela devrait lui coûter 20 milliards de dollars d'investissement en infrastructures pour la production de 100 millions de tonnes de minerai de fer par an, sur 40 ans. Au-delà même du fait de profiter, désormais, des retombées de l'exploitation de ses propres ressources, cette «réappropriation» des ressources est un préalable à l'industrialisation des économies africaines. En promouvant les investissements dans la transformation des matières premières, l'Afrique devrait pouvoir mieux s'insérer dans la chaîne de valeur globale. Cela passera, bien évidemment, par une prise de conscience politique et par des réformes structurelles de la dynamique économique du continent.