Maîtriser les caprices du ciel, le défi est astronomique, c'est le moins que l'on puisse dire. La petite agriculture n'a pourtant pas le choix. Elle «doit » s'adapter au changement climatique, où s'étioler. Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture, sait qu'il n'en fera jamais assez pour parvenir à cette fin, lui qui fonde la réussite de Maroc Vert sur les acquis socio-économiques que ce plan pourrait générer. Aujourd'hui, il remet le dossier à jour, du moins pour dégager les grands voix et moyens à mettre en œuvre pour limiter les impacts du changement climatique sur la petite agriculture. Une étude est déjà en préparation dans ce sens. Elle a en effet pour mission de «déboucher sur des propositions permettant au ministère d'introduire, dans le Plan Maroc Vert, des mesures d'action pour soutenir sa politique d'intervention», explique-t-on auprès de la tutelle. En clair, il s'agirait d'un test de réajustement des stratégies actuelles d'adaptation à la dégradation du milieu et du climat de l'agriculture familiale des régions relevant de l'approche de développement solidaire. Sillon tracé Le bureau d'étude, qui aura cette tâche sous sa responsabilité, n'aura toutefois pas à cogiter longtemps pour proposer la formule adéquate. Celle-ci, a déjà été balisée lors des dernières Assises de l'agriculture, en avril à Meknès. Quelques promesses ont été avancées par les pouvoirs publics, notamment en ce qui concerne la maîtrise du filon de l'irrigation localisée. Parmi les cadeaux annoncés, «l'exonération des petits agriculteurs des frais d'eau d'irrigation au titre des campagnes agricoles antérieures à 2008, et ce, à concurrence de 10.000 DH». «Cette mesure prend également en compte l'abandon des intérêts afférents à ces frais et le rééchelonnement du reste dépassant ce montant, sur une période proposée par le roi des sept prochaines années», nous ressasse ce responsable de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement agricole (COMADER). D'autres mesures sont aussi sur le feu actuellement, portant par exemple sur l'adoption de stratégies alternatives comme le dessalement de l'eau de mer. Le roi Mohamed VI a inscrit ces deux points à la tête des nouvelles méthodes d'accompagnement à mettre en œuvre, pour le programme national d'économie en eau d'irrigation. Ce programme vise, à terme, à porter les surfaces agricoles en irrigation localisée, à un total de 550.000 hectares. Créances en jachère Last but not the least, le ministère compte aussi se concentrer sur les outils financiers, pour lutter contre les mutations climatiques. Les petits agriculteurs ploient sous les dettes accordées par le Crédit agricole du Maroc (CAM) et rencontrent de plus en plus de difficultés à rembourser leurs prêts, faute d'une production performante et contrariée par ces changements liés au climat. L'établissement de crédit a finalement décidé -il y a juste quelques semaines- de procéder au rééchelonnement des créances de 200.000 petits exploitants potentiellement surendettés. Les préjudices provoqués par les changements climatiques, avaient été parmi les principaux critères d'éligibilité à cette politique d'allégement. À cela s'ajoute les dons et financements internationaux perçus par le royaume d'organismes internationaux tels la Banque mondiale (voir encadré). Sonder le terrain Sur cette base, l'étude du Département de l'agriculture ne viendrait peut-être que pour réajuster les mesures déjà mises en exécution, et prépare le terrain aux autres plan d'actions en préparation. Le projet se propose ainsi «d'élaborer un outil méthodologique permettant d'analyser la situation de départ et les évolutions possibles du milieu naturel et de l'agriculture, à l'échelle des terroirs des communautés de l'aire du Pilier II, en vue de la mise en œuvre des stratégies adaptées», commente-t-on auprès du département d'Akhannouch. L'étude devra, par ailleurs, formuler des recommandations permettant d'ajuster les projets en cours et de tenir compte de la variable «changement climatique», dans les projets futurs de Maroc Vert. Le coup de «flouss» de la BM En début du mois dernier, c'est la Banque mondiale qui est venue donner un grand coup de pouce aux petits agriculteurs confrontés aux perturbations climatiques. Un accord a été en effet signé à Rabat avec les responsables marocains concernés, pour l'octroi d'un don destiné au financement du projet d'intégration du changement climatique dans la mise en valeur de Maroc Vert (PICCPMV), fourni par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), d'un montant de 4.345.454 dollars (36,5 MDH). Le PICCPMV, vise le renforcement des capacités au niveau institutionnel et au niveau des agriculteurs pour l'adaptation au changement Climatique dans cinq régions ciblées : Chaouia-Ouardigha, Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Tadla-Azilal, Doukkala-Abda et du Gharb-Cherarda-Beni Hssen. Le projet porte sur deux composantes, dont le premier est le renforcement des capacités des institutions publiques et privées pour l'adaptation au changement climatique. Le seconde composante porte sur la «dissémination des technologies d'adaptation au changement climatique en agriculture auprès des agriculteurs relevant des régions citées un peu plus haut. Approuvé le 17 mai dernier, ce don est un coup de pouce non négligeable aux ambitions du Département de l'agriculture.