Les Marocains sont-ils trop optimistes sur l'avenir de leur pays ? La question mérite d'être posée au regard des résultats d'un récent sondage sur l'opinion publique arabe en 2011, menée par le cabinet américain Zogby international pour le compte de la Fondation de l'Institut arabo-américain. Selon l'enquête, 76% des Marocains se disent optimistes par rapport à la situation de leur pays dans les cinq années à venir. En 2009, ils n'étaient que 51% à afficher un tel sentiment. Le sondage qui a été réalisé simultanément dans six pays de la région MENA : Egypte, Liban, Jordanie, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis et Maroc, a porté sur un échantillon de 4.000 personnes. Son objectif premier est de mesurer la popularité des Etats-Unis et de leur politique étrangère dans la région, mais également d'appréhender ce que pensent les arabes de la situation de leur pays au regard du contexte international. Deux ans et demi après l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, sa cote de popularité et par conséquent celle des Etats-Unis se sont presque évaporées dans le monde arabe. Une situation qui s'explique, selon les auteurs du document, par l'espoir suscité dans la région au lendemain du discours du président américain. Mais les Marocains gardent toujours un certain espoir et pensent que la résolution du conflit israélo-palestinien serait l'un des meilleurs signaux que pourraient envoyer Obama et la diplomatie américaine au monde arabe. Pour les Marocains, si la mort d'Oussama Ben Laden a eu un impact assez négatif pour les Américains, elle ne pèse pas pour autant dans l'opinion que se font les arabes du pays de l'oncle Sam. La majorité des arabes sondés ont affirmés que le discours du Caire de juin 2009 est resté jusque-là lettre morte puisqu'il n'a pas été suivi dans les faits par des actes concrets. Printemps arabe Le contexte régional reste, encore et assurément, dominé cette année par la vague de soulèvements populaires qui affectent certains pays de la zone MENA. Sur ce point, 42% des Marocains pensent que le printemps arabe a eu un impact positif pour leur pays, alors qu'ils ne sont que 26% à penser le contraire et 27% affirment qu'il est sans impact majeur. Un résultat qui fait largement la part des choses et converge avec la situation du Maroc où les avis sont partagés, comme en témoignent les multiples débats qui se tiennent. Si pour certains, le contexte régional a permis de dynamiser le processus de réformes politiques qui s'est traduit par l'adoption d'une nouvelle Constitution plus en phase avec les aspirations démocratiques des Marocains, d'autres estiment au contraire qu'il est de nature à peser lourdement sur l'économie nationale, notamment en envoyant des signaux négatifs aux investisseurs et en plongeant le pays dans une sorte d'attentisme qui aura de multiples conséquences socioéconomiques. On comprendrait alors pourquoi seuls 39% des Marocains ont estimé que leur situation personnelle s'est améliorée en 2011, comparée à ce qu'elle était il y a cinq ans, alors qu'ils étaient 41% à le penser en 2009. Autre fait révélateur de l'opinion arabe et principalement marocaine, sur la liste des personnalités politiques les plus en vue au monde, c'est le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui a la plus grande cote de popularité chez les Marocains, suivi par le roi d'Arabie saoudite Abdullah bin Abdul Aziz Al Saoud et le président français Nicolas Sarkozy.