Le public l'a découvert pendant le Ramadan dans les «1001 nuits» d'Anouar Moatassim. Aujourd'hui, il est en plein tournage du long-métrage «Les griffes du passé» d'Abdelkrim Derkaoui où il incarne un policier amoureux d'une femme au passé lourd. Coulisses d'un polar sur fond de réalité marocaine. Le tournage a commencé, il y a quelques semaines. Le 30 août plus exactement. En plein travail, Ayoub Layoussifi nous accorde quelques minutes pour discuter de son nouveau long-métrage «Les griffes du passé» de Abderlkrim Derkaoui, où il a décroché le premier rôle masculin : celui du commissaire Karim Bencherif. Celui que l'on a découvert dans un rôle historique, celui de Chahzamane, frère du sultan Charhrayare dans les 1001 nuits, campe le rôle d'un officier de police devenu commissaire, bouffé par son travail, qui après un accident qui allait lui coûter la vie, décide de trouver une place pour l'amour. Il s'éprend vite et peut être trop vite de Bouchra, interprétée par Narjiss El Hallak, une infirmière qui lui sauve la vie en lui donnant son propre sang suite à une rupture de stock au sein de l'hôpital. Le film aurait été banal, s'il n'y avait pas un passé qui refait surface, celui de la future épouse du commissaire, violée il y a 13 ans et condamné à épouser son violeur. La sauveuse de vie décide alors de basculer de l'autre côté, après avoir croisé un de ses violeurs. Elle décide de se venger et de tous les tuer. Une histoire qui promet d'être passionnante où le héros qui enquête sur l'affaire Karim Bencherif est en fait à la recherche de sa promise. «Ce personnage est très intéressant à jouer parce que je joue Karim le commissaire, froid, sérieux, droit, bouffé par son travail, limite sans cœur. Et je joue également un Karim amoureux, plein d'espoir, qui décide de se donner une chance avec cette femme qui lui paraît être la femme idéale, lui qui a consacré toute sa vie à son travail», explique Ayoub Layoussifi, qui a toujours rêvé de devenir flic et réalisé par la même occasion une partie de son rêve enfoui. «C'est drôle, mais quand j'étais petit, je voulais devenir policier. Comme la plupart des petits garçons, sûrement, mais je m'amusais à me déguiser et à imiter les policiers ou à saluer les flics dans la rue». Un rêve certes, mais la réalité est toute autre puisque le rôle en question nécessite travail et documentation. «Pour préparer le rôle, je me suis bien documentée sur la police, j'ai lu des bouquins, vu des émissions. Je n'ai pas vraiment de scènes de port d'armes ou de bagarres, mais j'ai dû travailler la gestuelle, la démarche, les regards, la façon de travailler. Je me suis beaucoup inspiré de Matthew McConaughey dans «True Detective» qui est incroyable. L'acteur qui avait contacté le réalisateur il y a quelques mois avec la ferme envie de travailler avec lui, a dû attendre pour terminer le tournage de la série qui a duré des mois. Après la diffusion du premier épisode, il reçoit un coup de téléphone d'Abderlkrim Derkaoui qui lui propose de participer à son nouveau long-métrage. «Nous n'avions pas encore discuté le rôle, j'ai lu le scénario et accroché avec l'histoire. On m'a proposé de faire deux essais. Avant d'avoir l'opportunité de faire les essais, on m'avait déjà proposé le rôle de Karim», s'enthousiasme l'acteur. Le tournage qui se passe dans le centre-ville de Casablanca avec pour lieux de tournage principaux les Habous, la préfecture de police, Benslimane et Mohammédia, voit la participation d'une belle brochette d'acteurs comme Mouhcine Malzi en enquêteur, Nourredine Bikr ou encore Abdelhak Zerouali en rédacteur en chef avec Taoufik Benjelloun comme scénariste. Viol sur fond de terrorisme Le thème est lourd et représente une réalité bien marocaine. Le réalisateur Abderlkrim Derkaoui s'inspire de faits réels et d'actualités du pays. Il reprend le débat qui avait animé les réseaux sociaux et les associations suite au suicide d'Amina El Filali à Larrache, en mars dernier, qui s'est donnée la mort après avoir été obligée d'épouser son violeur. Un pays où le viol est déguisé en mariage et où Bouchra, l'héroïne de Derkaoui en subit les frais à tout juste 13 ans. Elle n'oubliera jamais cette blessure qu'elle a décidé de garder en elle pendant des années avant qu'elle ne se transforme en envie de vengeance. Le réalisateur choisit l'angle de l'épouse soumise qui décide de se faire justice elle-même en tuant ses 3 violeurs et en terminant par celui qu'elle a dû épouser. Une envie qui la prendra juste au moment où elle trouvera peut être le grand et le vrai amour. «Je travaille souvent avec Narjiss El Halak qui est une actrice dotée d'une grande sensibilité et d'une grande intelligence. J'aime beaucoup ses propositions, on essaie de proposer et d'approfondir nos personnages. On a la chance d'avoir un réalisateur à l'écoute, qui nous pousse vers l'avant», explique l'acteur ravit de cette expérience de long-métrage après l'expérience d'une série télévisée. «Dans une série, il faut travailler vite et bien. Suivre le rythme et enchaîner. Dans un long-métrage, on a ce luxe de prendre son temps. Mon expérience et mon dernier personnage m'ont beaucoup apporté. Je me sens plus confiant et riche. Je sens avoir acquis un nouveau bagage et c'est réconfortant». Il appréhende néanmoins la scène du baiser qui arrive à grand pas, une scène qui pour l'acteur est primordiale. «Après leur premier diner, il y a la scène de demande de mariage et du baiser. C'est précipité mais le personnage sait ce qu'il fait et ce qu'il ressent. Je l'appréhende un peu parce qu'on travaille vraiment à la rendre consistante et belle comme dans un film indien ou américain où les scènes d'amour sont tout simplement belles». Acteur mais pas seulement Pendant le tournage, Ayoub Layoussoufi a appris qu'il avait remporté un prix pour son court-métrage en temps que réalisateur. En effet, son film documentaire «Dis-moi Mohammed...», qui raconte l'histoire d'un chanteur dans le métro parisien a remporté la mention spéciale du jury lors de la seconde édition du Festival Europe-Orient du film documentaire à Assilah. Une double casquette, pas très difficile à porter pour cet artiste passionné et méticuleux. «J'ai appris dans ce métier que l'on pouvait faire des projets en parallèle. C'est une façon de casser cette routine du jeu aussi. Je ne réalise pas un film dans lequel je joue. Je sais que je peux le faire mais il me faut plus d'expérience, de maturité et je ne suis pas encore prêt à parler de moi». Il préfère parler de la jeunesse, de l'enfance, thèmes chers à son cœur ou encore de la musique. Amoureux de jazz, funk, soul ou encore du raï qui sont pour lui une forme d'évasion, il a pour ambition de réaliser un triptyque sur 3 musiciens différents, une sorte de regard croisé entre trois personnages dont le fil conducteur serait Paris, le métro et la musique. «J'ai déjà écrit des intentions, j'ai approché un Sénagalo malien qui chante en walof et joue de la Kora et un nigérien qui fait des reprises. Je les ai suivis je les ai filmés, ils sont intéressés par le projet». En attendant la fin du tournage du long-métrage «Les griffes du passé» qui se poursuivra jusqu'en fin septembre, l'acteur entame une nouvelle aventure, celle d'un spectacle d'improvisation dans le but de participer au mondial d'improvisation.