La mission «Action Lumière» a sillonné 3 pays d'Afrique subsaharienne du 21 au 27 septembre. D'importantes affaires ont ainsi été concrétisées au Burkina Faso, au Gabon et au Congo, où l'expertise marocaine est très demandée. Retour sur cette action de promotion des exportations à laquelle ont pris part 85 entreprises, sous la conduite de Maroc Export et de la Fédération nationale de l'électricité, de l'électronique et des énergies renouvelables (FENELEC). De nombreux projets à concrétiser, mais aussi d'importants financements à trouver. Telle est la situation du secteur énergétique au Burkina Faso, première étape de la mission B to B dénommée «Action Lumière» organisée par Maroc Export et la Fédération nationale de l'électricité, de l'électronique et des énergies renouvelables (FENELEC). La délégation marocaine, avec à sa tête le ministre délégué en charge du Commerce extérieur, Mohamed Abbou, comptait quelque 85 entreprises. Au «pays des hommes intègres», les opérateurs marocains ont multiplié les rencontres d'affaires avec leurs partenaires burkinabés, notamment en marge du symposium sur les relations maroco-burkinabées, tenu le 22 septembre à Ouagadougou, la capitale burkinabée. Pour ces entreprises marocaines à la recherche de débouchés sur les marchés africains, la moisson fut plutôt belle à en croire les chiffres publiés par Maroc Export. On parle d'au moins 1,2 million d'euros de commande ferme à l'issue d'environ 700 rendez-vous d'affaires entre les 280 entreprises marocaines et burkinabées présentes. Des commandes en cours de finalisation autour d'un montant de 2,5 millions d'euros, et des promesses de commande à hauteur de 1,375 million d'euros ont également été enregistrées à Ouagadougou. Autre acquis important obtenu au terme de ces rencontres, c'est l'accord de principe et l'étude de faisabilité d'une zone industrielle au Burkina Faso pour le compte de la Fenelec avec port sec à mettre à disposition des industriels membres de cette fédération et autres entreprises marocaines. Projets Cette première étape a également été l'occasion pour la délégation marocaine d'avoir un aperçu global de l'état du secteur de l'énergie dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest. Et des projets énergétiques, ils n'en manquent pas, car le taux d'électrification n'y dépasse pas encore 16%, alors que la couverture électrique avoisine 30% (voir encadré). Pour le Burkina Faso, il s'agit donc de rattraper ce retard et de promouvoir l'essor économique de sa population. C'est ainsi que le gouvernement a adopté en octobre 2013, le plan d'action prioritaire de la politique sectorielle de l'énergie. Le pays prévoit ainsi d'électrifier 620 localités, notamment les chefs-lieux de commune qui devront être raccordés au réseau national d'ici à 2015. D'autres projets d'envergure sous-régionale sont également dans le pipe : une interconnexion de 225 kilowatts (KW) entre le Ghana et le Burkina Faso, d'une capacité de 100 mégawatts, mais aussi celle allant du Nigéria au Bénin en passant par le Burkina Faso et le Niger, sans parler de la centrale thermique de 70 à 100 mégawatts qui sera développée dans le cadre d'un partenariat public-privé, ainsi que de 2 centrales solaires photovoltaïques de 20 à 30 mégawatts. Financement Ouagadougou ambitionne également de se lancer dans les énergies renouvelables à travers «la promotion et la vulgarisation de l'utilisation du chauffe-eau solaire» en plus de la réalisation de 5 projets de barrages hydroélectriques. Le Burkina Faso apparaît donc comme un marché à fort potentiel pour le secteur national de l'énergie. Seulement, le gouvernement n'a pas encore réussi à trouver le financement nécessaire à la concrétisation de tous ces projets. «Nous sommes également à la recherche de financement», a ajouté le responsable burkinabé. Mathias Zoubga, Syndicat des entrepreneurs en électricité et assimilé du Burkina Faso (SEEA-B) Les ECO : Quel regard portez-vous sur l'évolution du secteur énergétique au Maroc ? Mathias Zoubga : Je suis très séduit par l'évolution de ce secteur au Maroc. Passer de près de 18% à près de 99% constitue un exploit et nous devons le considérer comme un exemple à suivre. Quant au Burkina Faso, je ne dirais pas que nous sommes à un stade embryonnaire, mais nous sommes encore à un niveau très bas. Nous sommes actuellement à moins de 30% du taux d'électrification. Le gouvernement a entrepris des programmes d'électrification qui doivent porter ce taux à plus de 70% à l'horizon 2020. Quel état des lieux dressez-vous pour le tissu industriel opérant dans les énergies ? À ce niveau, nous avons plutôt des entreprises de mise en œuvre, mais nous n'avons pas encore de tissu industriel pour la fabrication de matières premières dans notre secteur. Et à ce titre, je pense que l'expérience marocaine pourrait beaucoup nous être utile. Comment cela pourra-t-il être concrétisé ? Le Maroc pourrait être pour nous un partenaire afin d'effectuer un transfert de compétence, la réalisation et la fabrication de produits car nous ne devons pas toujours partir jusqu'en Europe pour chercher certaines technologies. Nous sommes surtout intéressés par ce transfert de technologie. Nous envisageons aussi de mettre en place des joint-ventures avec des entreprises marocaines afin de réaliser des unités d'équipement et de production électrique ou pour réaliser des travaux de ce niveau-là.