Mathias Zoubga Président du Syndicat des entrepreneurs en électricité et assimilé du Burkina Faso (SEEA-B) Le soulèvement populaire qui a chassé Blaise Compaoré de la présidence du Burkina Faso n'a pas épargné certains opérateurs économiques. Selon le président du Syndicat des entrepreneurs en électricité et assimilé du Burkina Faso (SEEA-B), l'activité économique en a connu un sérieux revers et la reprise se dessine sur fond d'inquiétudes. Quant aux intérêts marocains, ils n'auraient pas été affectés par des pillages, mais des projets pourraient accuser des retards. Les ECO : Quel est l'impact du soulèvement populaire sur l'activité économique au Burkina Faso ? Mathias Zoubga : De façon générale, l'activité économique a été véritablement perturbée. Il était impossible d'aller travailler. C'était vraiment difficile de se rendre au bureau ou dans les chantiers pendant les jours qui ont vu ces manifestations populaires se produire dans le pays. Des opérateurs économiques ont-t-ils été nombreux a subir des actes de pillages ? Des opérateurs économiques ont été directement touchés. Les actes de pillages ont vraiment affecté certains opérateurs dans leurs fonds de commerce. Certains ont vu leurs outils de travail anéantis et se sont retrouvés sans aucune forme de soutien. Plusieurs acteurs économiques ont connu des faillites suite à ces événements. Je n'ai pas été touché personnellement, mais je connais beaucoup d'autres opérateurs, notamment des commerçants, qui l'ont été. Est-ce que l'activité a véritablement repris? Depuis la semaine dernière, des négociations ont été entamées entre les différents acteurs de la vie politique, la société civile et l'armée. Nous avons espoir que l'activité puisse effectivement reprendre, notamment dans l'administration et le privé. Cependant, il y a une certaine inquiétude qui est palpable dans le pays. La situation n'est pas définitivement réglée au niveau de la transition politique. Nous craignons des rebondissements. Cette instabilité ne risque-t-elle pas de compromettre les acquis de la dernière mission d'affaires des entreprises énergétiques marocaines ? Je ne pense pas. Dans l'immédiat, on peut dire qu'effectivement, il y aura un impact. Probablement, un certain ralentissement, voire suspension de certains projets peuvent survenir. Mais, cela ne va pas compromettre totalement les acquis ou remettre en cause les accords signés avec nos partenaires marocains. D'ailleurs, pendant cette période de troubles, j'étais moi-même en train de travailler dans l'acheminement de marchandises vers le Burkina Faso avec des partenaires installées au Maroc. Avez-vous répertorié des cas d'atteintes à des intérêts marocains lors du soulèvement populaire? Je ne pense pas que des intérêts marocains aient été touchés. Peut-être que des partenaires locaux de Marocains ont connu des perturbations ou ont été victimes de pillages, mais pas de Marocains directement ou leurs intérêts. Globalement, ce sont les proches du pouvoir qui ont été systématiquement visés lors du mécontentement populaire. La CIMAF épargnée La filiale burkinabè du groupe d'Anas Sefroui, Ciments d'Afrique (CIMAF) n'a pas été touchée lors des actes de vandalisme et de pillage. Joint par Les ECO, son directeur général affirme que l'activité se déroule normalement et que le calendrier de lancement de la production serait respecté. «Les turbulences ne nous ont pas du tout concernés et nous serons ponctuels par rapport à notre schéma de travail (cf. www.leseco.ma)», indique Franck Bavard. Par contre, dans la zone industrielle où est implantée cette unité, une autre cimenterie concurrente déjà en service n'a pas échappé à la furie populaire. On rapporte également que les agences de Coris Bank international, n°2 au Burkina Faso, ont subi des dégâts, ainsi que des entreprises actives dans le BTP, le commerce et dans d'autres secteurs. Globalement, on estime à plusieurs milliards, le montant des dégâts occasionnées lors de ces troubles.