Année après année, le label Maroc SA continue de s'imposer en Afrique subsaharienne. Les douze derniers mois n'ont pas dérogé à la règle. 2014 a été incontestablement marquée par la signature de près d'une centaine d'accords et de conventions entre le Maroc et les pays du continent. Pour sa part, le secteur privé national poursuit son expansion au rythme d'acquisitions, d'implantations et de gains de gros contrats. Le roi en éclaireur Comme en 2013, le roi Mohammed VI a pris tout son temps pour sillonner plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et Centrale. Du 18 février au 8 mars 2014, la délégation royale, composée d'une très forte délégation de membres du gouvernement et de chefs d'entreprises, s'est arrêtée au Mali, en Guinée Conakry, en Côte d'Ivoire avant de clore ce périple par le Gabon. Ce nouveau déplacement, qui a eu un fort écho médiatique au-delà de nos frontières, s'est soldé par la signature de 93 accords et conventions entre le Maroc et les pays visités. Ces nouveaux partenariats concernent la quasi-totalité des secteurs producteurs de l'économie, à l'instar de l'agriculture, des infrastructures, de l'industrie, des mines, ainsi que de la fiscalité, la finance ou encore la santé et la formation. L'un des projets les plus importants annoncés lors de cette visite, a été probablement celui portant sur la construction de 2 unités de production de phosphates au Maroc et au Gabon. Estimé à 2,3 milliards de dollars, ce projet phare devrait voir le jour dans les prochains mois et vise à améliorer la production d'engrais sur le continent. Les banques toujours aussi gourmandes... Symbole de l'expansion de l'économie marocaine en Afrique, le secteur financier n'a pas été absent de l'actualité maroco-africaine en 2014. L'annonce récente (www.leseco.ma) par le Pdg de BMCE Bank, Othman Benjelloun, du lancement prochain d'un fonds de l'entrepreneuriat africain doté d'un million de dollars en est le dernier acte. Plus tôt dans l'année, BMCE avait procédé à l'ouverture d'un bureau dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, via sa branche africaine, la Bank of Africa (BOA). Pour sa part, la première banque nationale, Attijariwafa bank (AWB), s'était à nouveau fait attendre par l'ouverture d'une filiale dans deux pays subsahariens francophones. Il s'agit du Bénin, du Niger et du Tchad. Quant à la Banque populaire, elle a préféré se renforcer dans sa filiale africaine, Atlantic Bank International à plus de 65% du tour de table. Concernant l'apport des relais africains de ces banques, elle poursuit son accroissement. Les filiales subsahariennes d'AWB représente, au terme du bilan du premier semestre de l'année qui s'écoule, 9,4% du résultat part net du groupe (RPNG), soit 212 MDH. La BMCE salue elle «les performances appréciables» de BOA, avec une contribution de 30,6 millions d'euros au RNPG, soit une croissance de 33,5%. ... L'assurance aussi À l'instar de leurs consœurs du secteur bancaire, les sociétés d'assurances ont réussi à réaliser d'importantes opérations en 2014. Le leader national du secteur, Wafa Assurance commence à prendre goût à la brise de l'internationalisation. Après sa filiale tunisienne, encore en phase de décollage, le groupe a multiplié les annonces d'implantations durant les douze derniers mois. Wafa Assurance a pris pied au Sénégal, via l'ouverture de deux filiales. Loin de l'Afrique de l'Ouest, la compagnie d'assurance a également pu obtenir un agrément pour le lancement de ses activités au Cameroun. Cette nouvelle dynamique, rejoint celle déjà entamée par ses concurrentes nationales, à l'instar de SAHAM. D'ailleurs, cette dernière poursuit son aventure africaine, avec la réalisation de deux opérations assez spectaculaires...en Afrique anglophone. La première a été rendue publique en juin dernier, lorsque SAHAM Assurance a acquis 66% du rwandais Corar-AG Ltd. Quant à la seconde, elle a pour cadre le Nigéria, désormais première puissance économique africaine. Dans ce pays, SAHAM s'est adjugé 40% du capital d'Unitrust Insurance en novembre dernier. Pour sa part, RMA Watanya a acquis quatre filiales du groupe ivoirien Belife Insurance. Le Plan Maroc Vert s'exporte La tenue des 7es Assises de l'agriculture à Meknès en marge du SIAM en avril dernier, a permis au gouvernement et au secteur privé marocains de mesurer la marge de manœuvre importante qui s'offre au modèle marocain. L'événement avait alors été marqué par la présence de deux chefs d'Etat africains, en l'occurrence Alpha Condé de la Guinée et Ibrahima Boubacar Keita du Mali, en plus du directeur général de la FAO, le Brésilien José Graziano da Silva. Le Maroc avait alors signé un premier accord agricole avec le gouvernement malien, ainsi qu'un autre accord avec la FAO pour le développement de l'agriculture africaine. Ce fonds fiduciaire signé avec la FAO est doté d'un montant de 1 million de dollars assuré par le financement du secteur privé marocain. Le plus important, est que le Plan Maroc Vert est désormais considéré comme un modèle de réussite et un exemple à suivre en Afrique. Cela a été confirmé les 13 et 14 décembre à Marrakech, lors de la Conférence internationale sur la coopération Sud-Sud, avec la présence de dizaines de délégations de pays africains. En 2015, on devrait probablement assister à une multiplication des accords agricoles entre le royaume et ses partenaires africains. CIMAF lance 2 cimenteries Après le démarrage de son usine au Cameroun, Ciment de l'Afrique (CIMAF) a également réussi à mettre en route son unité installée au Burkina Faso. Certainement le soulèvement populaire qui a emporté le président Blaise Compaoré est venu perturber l'agenda officielle -notamment une inauguration en grande pompe-, mais sur place, le démarrage de la production était imminente. On parlait même d'un «démarrage anticipé». À l'instar de l'unité du Cameroun, celle de Ouagadougou est capable de produire environ 500.000 tonnes de ciment par an et ambitionne de s'accaparer 25% des parts de marché au Burkina Faso. Ça vibre toujours pour Maroc Telecom Juste avant son rachat par l'émirati Etisalat, l'opérateur historique de la téléphonie dans le royaume, Maroc Telecom s'était illustré par l'acquisition, début mai, de six filiales de son futur actionnaire majoritaire. L'opération a coûté 470 millions d'euros et est considérée comme «un tournant et une accélération dans le développement de Maroc Télécom à l'international». RAM s'africanise La compagnie aérienne nationale n'a peut-être jamais été aussi proche de l'Afrique. En plus de sa trentaine de destinations sur le continent, le transporteur s'est offert de nouveaux horizons en 2014. RAM atterrit désormais à N'Djamena, la capitale du Tchad. Sur un autre registre, la compagnie qui fait de l'Afrique son principal relais de croissance, a entrepris une véritable politique d'africanisation. La démarche est non seulement inculquée à l'ensemble du personnel, mais ce dernier se voit renforcé de compétences subsahariennes formées et recrutées par le groupe. Ce n'est certes pas une première, mais l'envergure de la campagne de recrutement menée en 2014 semble inédite, afin de mieux accrocher la clientèle africaine. Celle-ci a désormais droit à des repas africains à bord. Last but not least, Royal Air Maroc s'est lancé dans une politique de mécénat culturel en signant des partenariats avec les principaux festivals africains. Il s'agit entre autres, du Fespaco au Burkina Faso et du Dak'Art au Sénégal. Cette stratégie devrait certainement contribuer à renforcer le poids du marché africain dans les activités de RAM et dépasser les 25% du chiffre d'affaires qu'il représente actuellement. En 2015, RAM devrait s'apprêter à faire face à une concurrence de certaines compagnies comme la Ceiba de la Guinée Equatoriale, qui entend atterrir elle aussi à Casablanca. Alliances termine l'année en beauté ! Après le Sénégal, ou le groupe a été choisi pour réaliser plus de 25.000 logements sur 375 hectares, pour un montant de 4 MMDH, et en Côte d'Ivoire où Alliances développe un projet de 7.800 logements pour un investissement global de près de 2 MMDH, c'est au tour du Cameroun de s'attacher les services de l'entreprise marocaine. Mi-décembre, Alliances s'est vu confier l'important programme de construction d'infrastructures de santé et de logements sociaux au Cameroun pour un montant de 3,2 MMDH. Il s'agit de la réalisation de 8 hôpitaux et de logements sociaux à travers les différentes villes du pays. Pour le groupe, c'était la meilleure façon de terminer l'année 2014 en beauté et d'entrevoir un horizon prospère en 2015. Cet espoir n'est pas uniquement palpable chez Alliances, mais il se constate chez la plupart des entreprises marocaines actives en Afrique subsaharienne.