Ayoub Qanir Réalisateur Du haut de ses 31 ans, il conquit l'Amérique, et le monde se l'arrache, alors que son propre pays ne soupçonne même pas son existence. Ayoub Qanir, jeune réalisateur originaire de Casablanca et vivant entre Miami et Los Angeles, croque la grande pomme à pleines dents avec un cinéma scientifique, psychologique et fantastique. Ce qui est certain, c'est qu'il ose. Avec son troisième court-métrage, qu'il considère comme le plus abouti, il séduit le monde avec un cinéma ingénieux et fantaisiste. Plus que de raconter une histoire, il va inventer une théorie, se poser des questions sur le monde dans lequel on vit et essayer de donner un sens au sens. À mi-chemin entre la bande dessinée et la science, Ayoub Qanir peut se féliciter d'avoir un univers bien à lui. Né à Casablanca le 16 mai 1983, ce fan de basket-ball, attiré par l'American dream depuis toujours, est conscient que sa place n'est pas au Maroc mais au pays de l'Oncle Sam. Il n'attend pas d'avoir le baccalauréat pour réaliser ses rêves. Fils d'un ingénieur travailleur dont il dit beaucoup tenir, Ayoub Qanir s'envole pour le lycée américain de Madrid à tout juste 13 ans et s'envole pour Miami à 18 ans où il entame des études de business et finances. «J'ai toujours été attiré par le cinéma en général et le cinéma américain en particulier», se souvient le jeune réalisateur qui tout jeune déjà, montait des petits films dans son garage avec ses amis de l'époque. Une passion qui finit par le rattraper puisqu'il décide de se spécialiser dans le cinéma et la réalisation à la prestigieuse école d'arts dramatiques, The Lee Strasberg Theatre & Film Institute où James Dean, Marlon Brando et Angelina Jolie ont étudié. C'est là où l'aventure commence. Très bon dessinateur, et passionné par la science, il crée un univers où le thriller est cérébral, fantastique et psychologique. Aujourd'hui il fait du bruit avec «Artificio Conceal», un court-métrage original sur le pouvoir de la mémoire et du choix de vie. Le réalisateur pose des questions existentielles et montre toute son admiration envers les acteurs à forte psychologie, envers le pouvoir du sens et de l'ambiguïté du piratage et de la volonté de l'être de défier l'ordre établi. «Je lis énormément de livres scientifiques, j'écris des essais sur la notion du sens, la vision du film était de défier des notions que l'on a pour acquises», ajoute le réalisateur savant. Il se questionne sur l'identité personnelle également. Un film où il se permet les meilleurs acteurs à l'image de David Bailie des «Pirates des Caraïbes» et Simon Amstrong de «Game of Thrones». «J'ai envie de tourner avec Brad Pitt et avec les plus grands». Il vise haut et il a bien raison. Non seulement son film sera peut-être présenté aux Festivas de Cannes et de Berlin et la presse internationale se l'arrache, mais le chouchou des Etats-Unis vient de signer, avec l'une des plus grandes agences américaines, afin d'adapter son court- métrage, «Artificio Conceal» en long-métrage. Une grande étape dans la carrière d'Ayoub Qanir qui pense déjà au casting de son bébé. Entre bande dessinée, court-métrage et futur long-métrage, le virtuose marocain souhaite travailler en collaboration avec Noureddine Lakhamri, pense que «Ali Zaoua» est le meilleur film de l'histoire du cinéma marocain et pense que «Fièvres» est le film le plus abouti visuellement au Maroc. Ambitieux et original, il défie les thématiques «banales et réalistes» du cinéma marocain mais garde un œil quand même sur son pays. «Le cinéma marocain, en majorité, s'adapte et n'essaie pas d'être original parce qu'ils sont cantonnés à une limite qu'ils s'imposent. C'est dommage parce que le réalisateur marocain a énormément de créativité, il a besoin de sagesse technique. «Fièvres» a compris la sagesse technique». Le réalisateur multi-task, est convaincu que les plus grands n'ont jamais été cantonnés à une seule discipline et continuent à créer et à donner. C'est ce qu'il compte faire et il profitera du Festival international du Film de Marrakech pour faire des rencontres et revenir au pays avec des idées nouvelles. Un «Darren Aronofsky» à la marocaine est né. À suivre.