Ousmane Ly Directeur de l'Agence nationale de télésanté et informatique médicale au Mali Ousmane Ly, directeur de l'Agence nationale de télésanté et informatique médicale au Mali revient à travers cette interview, sur la situation dans son pays depuis l'apparition de l'épidémie d'Ebola. Selon lui, le gouvernement malien fait le nécessaire pour faire face à la maladie, mais doit compter sur l'implication de la population. Les ECO : Le Mali a lui aussi été touché par le virus Ebola. Comment réagissez-vous face à l'épidémie ? Ousmane Ly : Effectivement, le Mali vit une situation difficile et critique par rapport à l'épidémie d'Ebola. D'autant plus que le premier cas avait été bien pris en charge en octobre dernier. Il se trouve que malheureusement nous avons eu un second cas, qui a été mortel. S'il y a une moralité à tirer là-dessus, c'est qu'il faut que la population soit davantage impliquée dans la lutte contre la propagation du virus. Il faut absolument que la population soit vigilante. Est-ce que la sensibilisation est effective sur le terrain ? Nous conseillons aux populations de se rendre dans un centre de santé dès qu'elles voient un signe d'une maladie, et surtout expliquer et dire si elles ont des contacts avec des personnes touchées par le virus ou pas. Il s'est avéré que le ressortissant guinéen décédé à Bamako avait deux membres de sa famille décédés d'Ebola, mais il l'a caché aux autorités sanitaires. Ces derniers sont en train de prendre toutes les dispositions utiles et nécessaires pour faire en sorte que cette épidémie ne se propage pas. En quoi consiste le plan de lutte contre Ebola au Mali ? Le Mali a mis en place un plan de lutte depuis que l'épidémie s'est déclarée en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. Dans sa globalité, le plan repose sur diverses dispositions prises comme la mise en place de plusieurs sites d'isolement, notamment dans des localités frontalières avec la Guinée-Conakry. Le même dispositif existe pour parer à toute éventualité dans les administrations et à l'aéroport international de Bamako-Sénou. À tout cela, il faut ajouter la conception de spots publicitaires dans toutes les langues nationales pour une large sensibilisation de la population. C'est dire finalement que nous avons tous les moyens qui doivent être mis en oeuvre pour contenir la maladie. Il faut seulement que la population soit impliquée davantage dans le processus de lutte. Comment jugez-vous les projections de certaines organisations internationales sur une hausse probable des cas d'Ebola dans la région ? C'est ce qu'on appelle les chiffres à maxima de L'OMS (Organisation mondiale de la santé). Pour ma part je préfère ne pas faire trop de commentaires là-dessus. Cette démarche relève de ce qu'on appelle des modélisations mathématiques, suivant la logique selon laquelle: «Si on parle du fait qu'il y a des cas qui sont déclarés, il y a aussi des cas qui ne le sont pas». C'est en quelque sorte une projection sur ce qui peut être au dessus de ce qui n'est pas déclaré. Mais espérons vraiment que ces modules mathématiques se soient trompés dan la situation que nous vivons actuellement.