Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux et le téléphone arabe s'activent. «Il va venir au Maroc !». Le « il » en question, c'est Tariq Ramadan. Invité par l'Association des ingénieurs de l'école nationale de l'industrie minérale, l'islamologue controversé a animé vendredi dernier une conférence-débat intitulée « Et si on vous écoutait ». C'est ce qu'ils ont fait. Assis à même le sol dans la cour de la cité universitaire où un écran géant avait été installé ou à quelques mètres du « grand maître » pour les plus chanceux, l'auditoire écoutait avec attention (ou passivement selon le degré de fascination). Un gourou très spécial Les jeunes sont largement majoritaires. «Tariq Ramadan est un fédérateur. Il rassemble tous les jeunes, riches ou pauvres, ayant suivi de longues études ou non », nous fait remarquer l'une des spectatrices. Pourquoi un tel engouement? Après avoir interrogé plusieurs admirateurs, le constat est frappant. Ils semblent plus fascinés par sa capacité à convaincre et son aisance à communiquer que par le contenu de son message. « Que l'on soit d'accord ou pas, il faut avouer qu'il est fort. On est parfois un peu embrouillé, ne sachant pas s'il est modéré ou pas », relèvent plusieurs jeunes ayant pris part à cette conférence. « Oubliez le bonjour civilisé » Physique avantageux, orateur talentueux, Tariq Ramadan arrive à remettre à leur place plusieurs occidentaux qui « ne connaissent pas assez l'Islam ». L'universitaire suisse d'origine égyptienne, qui révèle se sentir « marocain d'adoption », est devenu porte-parole de cette nouvelle génération, malgré lui. Une sorte de vengeur aux allures de saint. Si la forme de son discours fascine, le fond peut parfois surprendre par son incohérence. « Oubliez le bonjour civilisé , n'ayez pas honte de notre Salamoualaykoum ». Et nous qui pensions que « bonjour » n'est qu'un Salamoualaykoum en français... Autre thème: le communautarisme. « Ils ont peur de l'islam. Résultat, nous avons honte de ce que nous sommes. La fierté du privé, la crainte du public » .Ce qui fait peur, c'est de mettre tous les musulmans dans le « nous » et tous les non-musulmans dans la catégorie «autres». Où est la tolérance dans tout ça ? Plusieurs idées de Tariq Ramadan étonnent par leur banalité, comme son rejet du culte des apparences et l'importance accordée à la famille.