Comme en 2013, le taux d'exécution du Budget d'investissement public n'a pas dépassé la barre des 50% en 2014. Du coup, la mobilisation est générale dans l'administration pour rectifier le tir. Chose rare, le journal des projets retenus dans le Budget d'investissement public (BIP) du Cameroun pour l'exercice 2015, a été publié dès les tous premiers jours du mois de janvier 2015. Auparavant, le ton avait été donné dès la mi-décembre, avec notamment le lancement, par le ministère des Marchés publics, des conférences de programmation des marchés retenus dans le cadre du BIP 2015. Dans un communiqué de presse publié le 2 janvier 2015, le ministre de l'Economie, de la planification et de l'aménagement du territoire (Minepat) explique : «L'objectif recherché dans la publication, dès l'entame de l'année budgétaire desdits projets, est la compression des délais des procédures diverses, en vue de la réalisation effective des projets de développement arrêtés pour l'exercice budgétaire 2015». Plus concrètement, il s'agit d'engager, au plus tôt, les procédures d'attribution de quelque 9.000 marchés relatifs au BIP 2015 afin d'augmenter les chances de réalisation effective de ces différents projets. Abandons Cette prise de conscience intervient dans un contexte marqué par la faiblesse persistante du taux d'exécution des projets au cours de ces dernières années. Le 31 décembre 2013, le président Paul Biya, dans son traditionnel message de fin d'année à la Nation s'interrogeait : «Comment expliquer qu'aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d'exécution du Budget d'investissement public supérieur à 50% ?» Une interpellation qui a permis, certes, d'améliorer les performances ; mais elle n'a pas forcément permis d'atteindre les objectifs escomptés. Le taux d'exécution du BIP est en effet passé d'une moyenne de 36% en 2013 à près de 49% en 2014. Cela se traduisant sur le terrain par de nombreux projets dont la réalisation n'a pas commencé, tandis que d'autres ont été entamés avant d'être ensuite abandonnés. D'autres enfin ont commencé mais ne se sont pas achevés dans les délais contractuels... Intervenants De nombreuses raisons expliquent cette situation. Il y a la lenteur administrative qui entraîne le rallongement des délais de prise de décision : conséquence d'un trop grand nombre d'intervenants. Dans une interview accordée jeudi dernier au «Quotidien de l'Economie», Barnabé Okouda, économiste et cadre au Minepat, témoigne : «L'architecture de notre administration pose problème. Quand on donne par exemple un marché d'infrastructures, vous avez une multiplicité d'acteurs. Cela fait en sorte que vous ne pouvez pas avoir un marché de réalisation d'infrastructures sans que vous n'ayez affaire à une quinzaine, voire une vingtaine de personnes. Un tel état de choses crée forcément des lourdeurs». Qui plus est, la collaboration entre ces multiples intervenants n'est pas forcément garantie : «Le déficit de communication entre les acteurs impliqués dans le processus des marchés publics est également un frein à la bonne exécution des projets d'investissement de l'Etat», s'indigne justement Joseph Ngoh, le directeur général de l'Agence de régulation des marchés publics. On ne manquera pas de citer la corruption qui fait que les marchés sont souvent attribués à des entreprises non qualifiées, lesquelles abandonnent généralement les travaux peu après les avoir commencés. Hausse de 13% C'est pour tenter de contourner ces différents obstacles que le gouvernement se hâte depuis le début de l'année 2015 afin que le taux de réalisation des projets du BIP en fin d'année soit «raisonnable». Pour cette année 2015, le Parlement a voté un budget de 3.746,6 milliards de FCFA, soit 7,5 milliards de dollars. Dans cette enveloppe en hausse de 13% par rapport à celle de 2014, la part consacrée aux investissements est de 1.150 milliards de FCFA (2,3 milliards de dollars), soit environ 30% du budget. Avec l'exécution de ce budget, le gouvernement espère hisser le taux de croissance du pays à 6,3% en fin 2015.