Semaine chargée pour Kettani. Le président directeur général du groupe Attijariwafa Bank menait une importante délégation d'hommes d'affaires marocains au Cameroune. A ses côtés, plusieurs hommes d'affaires et d'officiels ont fait le déplacement dans une opération de séduction de grande envergure. L'eujeu est de taille, à en juger par l'accueil qui a été réservé à la délégation marocaine. Au cours de son séjour, la délégation a été reçue par le ministre secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, au nom du Président de la république camerounaise, Paul Biya. La rencontre qui s'est déroulée au Palais de l'unité, le siège de la présidence du Cameroun à Yaoundé a servi d'occasion pour faire le point sur l'état des relations économiques et des échanges commerciaux entre le Royaume et le Cameroun mais, également, à prospecter les opportunités de coopération qui peuvent intéresser les entreprises marocaines dans le cadre de la politique de grands chantiers qu'a lancé le Cameroun. Au menu des discussions, le secteur bancaire, les infrastructures ainsi que le logement social. Selon les déclarations qu'il a faites à la presse camerounaise au sortir de cet entretien, le PDG d'Attijariwafa bank a souligné que cette démarche s'inscrit dans «l'optique des grandes réalisations engagées par le chef de l'Etat camerounais». Mohamed El Kettani a ainsi annoncé l'accompagnement de son institution bancaire et d'autres entreprises marocaines dans la pose des infrastructures et la construction de logements sociaux. Il faut dire que c'est plus comme une opération destinée à consolider la présence marocaine sur le marché camerounais que s'interprète cette mission puisque plusieurs entreprises nationales, publiques comme privées, sont déjà installées au Cameroun. Attijariwafa bank a déjà repris la Société camerounaise de banque (SCB) qui a connu une rapide expansion, cette année, selon son président, lequel s'appuie sur le doublement du nombre d'agences créées. Avec un taux de bancarisation de 12%, le Cameroun demeure un terrain prometteur pour le premier groupe marocain qui entend poursuivre sa progression sur la même lancée, en s'attaquant à une nouvelle clientèle comme les fonctionnaires, les personnels de sécurité et de défense, ainsi qu'aux PME/PMI. Autre entreprise présente, l'Office national d'eau potable (ONEP) dans le secteur de l'eau ainsi que plusieurs dizaines de PME marocaines dans le domaine industriel, en sus de RAM, qui dessert le pays. Avec les nouveaux secteurs, BTP et logement social particulièrement, le Maroc consolide sa position et ceci grâce à sa nouvelle stratégie, qui s'appuie sur une volonté politique affichée, de part et d'autres, pour que les opérateurs marocains puissent mieux faire face à une rude concurrence sur un marché largement dominé par les Français et récemment par les Chinois. Ce qui distingue cette mission d'affaires, c'est sa composition qui témoigne d'une démarche plus globale pour une force de frappe plus importante. Dans une récente sortie médiatique autour du potentiel africain, le président du groupe Saham, Moulay Hafid Elalamy avait livré une bonne recette pour réussir la conquête du marché africain dans le cadre du projet d'intégration : «Avec notre vision clairement affichée, c'est déjà bien mais si nous sommes encore plus structurés, nous ferons ensemble beaucoup mieux!». Une vision partagée par plusieurs autres chefs d'entreprises conscients, désormais, du fait que seule une synergie bien concertée permettra au Maroc de tirer son épingle du jeu de la course acharnée que se livrent plusieurs puissances émergentes sur le marché africain.