Sami Zerelli Président de la Chambre de Commerce suisse au Maroc (CCSM) Les ECO : L'année 2015 démarre avec plusieurs activités au programme de la Chambre que vous dirigez. Quel bilan dressez-vous des activités menées par la CCSM ces dernières années ? Sami Zerelli : La vocation essentielle de notre Chambre est de promouvoir les intérêts des entreprises suisses au Maroc. Nous œuvrons à faire entendre la voix de nos membres, avec en ligne de mire l'idée de participer au développement économique du pays. De nombreux évènements ont été organisés par la Chambre ces dernières années dans l'optique de renforcer la coopération économique des deux pays et de répondre aux problématiques rencontrées par les membres, dans le cadre de leurs activités au Maroc. Quels sont vos principaux objectifs pour l'année 2015 ? La vie de la Chambre devrait beaucoup s'intensifier en 2015. Nous constatons aujourd'hui qu'au vu du niveau d'investissement des entreprises suisses au Maroc, les échanges commerciaux entre les deux pays restent modestes. La CCSM se fixe donc pour objectifs d'intensifier les relations économiques entre la Suisse et le Maroc et de convaincre davantage de PME suisses, notamment germaniques, à investir au Maroc. Bien sûr, la Chambre continuera d'accompagner les entreprises marocaines sur le marché suisse. Les entreprises suisses sont de plus en plus présentes au Maroc. Quelle est la perception des opérateurs suisses sur le climat des affaires au Maroc ? Force est de constater que le Maroc a fait de nombreux progrès vers la modernité ces 15 dernières années, et l'on peut s'en féliciter. Nous l'avons clairement ressenti dans nos relations avec nos partenaires publics et privés. Cependant, le problème de l'informel subsiste et peut constituer un frein pour certaines entreprises. La réactivité de l'administration, l'efficacité de la justice, la lutte contre la corruption, la garantie des paiements des marchés publics sont autant de soucis partagés par les entreprises marocaines et internationales. Résoudre ces problèmes, c'est lever de nombreux freins qui attireront davantage d'investisseurs que le marché marocain intéresse déjà. Le Maroc a lancé plusieurs stratégies sectorielles qui offrent de réelles niches de croissance aux investisseurs internationaux. Quels secteurs intéressent particulièrement les entreprises suisses au Maroc ? Parmi les secteurs qui, ces dernières années, semblent les plus prometteurs, figurent l'agro-industrie, le tourisme ou encore l'environnement. La visite de Doris Leuthard, cheffe du département fédéral de l'Environnement, des transports, de l'énergie et de la communication, début septembre 2014 au Maroc, a confirmé la volonté de la Suisse de renforcer sa coopération avec le royaume dans les domaines des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. En dépit d'une sensible augmentation de la valeur des échanges entre le Maroc et la Suisse, les entreprises marocaines ne parviennent pas à accéder au marché suisse... Les entreprises marocaines sont plutôt attirées par des marchés traditionnels comme la France, l'Espagne ou l'Italie. Mais accéder au marché suisse suppose également de répondre aux exigences souvent différentes dans ce pays par rapport au reste de l'UE. Les produits marocains doivent garantir un très haut niveau de qualité pour y être admis. C'est une gageure que peuvent relever les entreprises marocaines. Notons tout de même que de plus en plus d'entrepreneurs osent franchir le pas. Quelle appréciation faites-vous de l'évolution de l'économie marocaine ces dernières années, ainsi que des perspectives pour le futur ? Nous considérons que le Maroc s'en sort correctement ces dernières années, dans un contexte international marqué par un repli de la croissance. Nous sentons de la part des plus hautes autorités marocaines une volonté sincère de s'attaquer aux problèmes économiques de fond. Nous croyons à cette sincérité, même si la tâche est ardue et que les attentes de la population sont très importantes. Le Maroc doit créer plus de richesses et trouver les ressources financières nécessaires à son développement. Le gouvernement actuel explore ses marges de manœuvre pour donner la bonne direction à la gestion des affaires publiques. En tant qu'opérateurs économiques étrangers installés au Maroc, nous souhaitons travailler main dans la main avec les autorités. Certaines de nos entreprises sont fortement engagées dans des programmes socioéconomiques auprès des populations vulnérables. Nous restons donc plutôt optimistes. Le Maroc offre des perspectives extraordinaires dans certains secteurs, dans lesquels il investit énormément. Nous suivons cela avec un grand intérêt et restons à l'affût des opportunités qui se présentent et se présenteront à l'avenir dans ces secteur.