La filiale sénégalaise du groupe Attijariwafa bank vient d'annoncer une nouvelle stratégie de conquête des immigrés sénégalais, estimés à 3 millions à travers le monde. Au Maroc, les banques peuvent saisir une niche importante en rapprochant les résidents subsahariens du système bancaire de leurs pays. Explications. La diaspora africaine attire les banques. Cette semaine, c'est CBAO Attijariwafa bank, la filiale sénégalaise du groupe marocain qui s'est distinguée avec une nouvelle opération-séduction destinée à séduire les immigrés. À Dakar, le leader bancaire au Sénégal a présenté une nouvelle stratégie afin de mieux capter l'apport de la communauté sénégalaise établie à l'étranger, estimé à 833 milliards de francs CFA (1 DH=65 FCFA), soit 11% du PIB de l'Etat du Sénégal. Dénommée «Excellence 2017», cette stratégie consiste entre autres actions, à réserver un traitement de faveur aux immigrés à travers des campagnes de marketing qui seront palpables dès le retour de ces derniers au bercail. En effet, des messages et autres affiches seront visibles dès l'accueil à l'aéroport de Dakar. Plus encore, CBAO Attijariwafa bank annonce sa volonté de contribuer au financement du Plan Sénégal Emergent, via sa participation dans des projets d'infrastructures routiers, portuaires ou aéroportuaires. D'ailleurs, la partie «logement» de l'aménagement du nouveau pôle urbain de Diamniadio (près de Dakar) intéresse de nombreux émigrés sénégalais. Connexion La démarche de CBAO Attijariwafa bank remet à l'ordre du jour le travail intensif à mener afin de mieux connecter les immigrés africains et le système financier de leur pays. Dans le cas du Maroc, qui s'est désormais érigé en pays d'immigration, une importante niche commence à émerger. Le nombre des résidents étrangers, notamment subsahariens, commence à gonfler.L'opportunité pour les établissements bancaires nationaux présents au Sud du Sahara, consisterait à créer des passerelles entre leurs clients subsahariens résidant au Maroc et leurs filiales dans les pays d'Afrique subsaharienne. Il est vrai que plusieurs aspects réglementaires ne seraient pas de nature à faciliter cette connexion, mais elle s'impose plus que jamais. Pour en revenir au Plan Emergence sénégalais dont fait écho CBAO Attijariwafa bank, il faut préciser que de nombreux Sénégalais exerçant dans le royaume désirent acquérir un toit dans leur pays, mais n'y disposent d'aucun compte bancaire. Face à cette situation, il serait pragmatique et opportun pour les maisons-mères des banques marocaines du Sénégal de trouver les moyens de leur faciliter l'ouverture de comptes dans leur pays d'origine à partir du Maroc afin de mieux capter cette clientèle. Niche halal La finance islamique ou finance participative (voir l'interview en page intérieure) constitue également un important levier pour capter de nouveaux clients encore réfractaires au système conventionnel. Une fois son entrée en vigueur au Maroc, les banques nationales auraient intérêt à l'exporter très vite en Afrique subsaharienne. En effet, le faible taux de bancarisation s'y explique certes par le faible pouvoir d'achat des populations, mais la réalité est que de nombreux fortunés préfèrent se détourner des banques en raison de son modèle usuraire. La venue de la finance participative pourrait inverser la situation et attirer de nouveaux clients qui sont aussi nombreux chez les immigrés.