La 30e session du Bureau de la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique, tenue du 3 au 6 mars à Rabat, a débouché sur une série de recommandations pour l'intégration nord-africaine, mais surtout sur un appel à une plus forte implication dans l'élaboration de l'Agenda de développement initié par l'Union africaine. Une plus forte implication des pays de l'Afrique du Nord dans le processus de négociation de l'Agenda de développement post-2015: tel a été le principal appel lancé à l'issue de la 30e session du Bureau de la Commission économique des Nations-Unies pour l'Afrique (CEA), tenue à Rabat du 3 au 6 mars. Cette rencontre du Comité intergouvernemental d'experts avait pour thème la «Mise en œuvre de l'Agenda 2063: planification, mobilisation des ressources et financement du développement». Elle a connu la participation de plus de 150 spécialistes, représentants gouvernementaux, hommes d'affaires, acteurs associatifs nord-africains et représentants d'organisations internationales dont l'OMC, le BIT, la FAO, le PNUD, l'ONUDI, l'ESCWA et l'UNESCO. Pour le bureau de la CEA, cette plus forte implication des pays de la région septentrionale du continent permettra «une meilleure prise en compte de leurs priorités, leurs capacités et leurs spécificités» dans la mise en œuvre de ce programme porté par l'Union africaine. Environnement En outre, le Comité intergouvernemental d'experts recommande aux pays de la région de «poursuivre leurs efforts en faveur de la transformation structurelle de leurs économies, leur intégration dans les chaînes de valeur régionales et la facilitation du commerce régional pour soutenir l'industrialisation de la région». Faut-il le rappeler, l'Afrique du Nord est l'une des régions les moins intégrées au monde. Pour les experts, il y a nécessité ou plutôt urgence de profiter du potentiel et des ressources des pays voisins. Ainsi, à l'issue d'une table ronde organisée en parallèle sur le thème: «Stratégies pour une économie verte», le comité a appelé à considérer «la mise en place graduelle d'une gouvernance environnementale régionale comprenant des cadres juridiques incitatifs, des mécanismes innovants de financement et des indicateurs de suivi pour une transition vers l'économie verte». Invitations Enfin, selon le communiqué final diffusé au terme des travaux, les participants ont convenu de l'importance d'une forte participation nord-africaine à la conférence des ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique de la CEA (CoM2015), prévue du 30 au 31 mars à Addis-Abeba (Þthiopie). De même, les responsables sont attendus à la 3e Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en juillet prochain dans la même ville, au siège de la CEA. Karima Bounemra Ben Soltane Directrice, bureau pour l'Afrique du Nord de la CEA Il y a urgence à retourner à une stabilité politique et institutionnelle dans toute la région. Il y a aussi la nécessité de poursuivre les réformes de nos modèles de développement et le défi d'une industrialisation plus poussée. Tout cela doit permettre, en premier lieu, de renforcer l'offre extérieure en produits à plus forte valeur ajoutée. Deuxièmement, il faut réduire la vulnérabilité de nos pays à des facteurs exogènes, et notamment à la volatilité des cours des produits de base. Troisièmement, cela permettra de mieux répondre à une demande intérieure en biens d'équipement et biens de consommation courante croissante. Une telle transformation passe notamment par une réelle intégration de nos économies et la promotion de chaînes de valeurs régionales, à même de favoriser l'émergence de nouveaux pôles de croissance, dans des secteurs industriels et des produits stratégiques, générateurs de richesse et de nouvelles opportunités d'emploi. Le retour progressif à la stabilité dans les pays de la région qui étaient en transition et la reprise perceptible de l'économie mondiale devraient avoir, à court terme, un impact positif sur nos principaux indicateurs de développement économique et social. La même reprise semble s'amorcer et augure d'une année 2015 meilleure pour l'Afrique du Nord. Nos pays resteront cependant confrontés à la nécessité d'approfondir les réformes engagées, pour réduire leur vulnérabilité aux chocs extérieurs et pour un élargissement de la base productive de leurs économies.