L'artiste Najia Mehadji expose ses œuvres à la galerie d'art l'Atelier 21 du 17 mars au 22 avril.Intitulée «20 ans d'œuvres», cette rétrospective donne à voir plusieurs périodes de l'artiste. Dans son entretien avec l'historien et critique d'art Philippe Piguet, Najia Mehadji explique comment elle a pensé cette rétrospective: «L'idée qui a présidé à ce choix est de montrer le lien qui existe entre toutes les périodes, pour donner à voir le fil conducteur du travail sur une vingtaine d'années... C'est le désir de synthèse, qui existe chez moi depuis toujours, de faire le lien entre l'Orient et l'Occident, entre culture occidentale et cultures extra-européennes. Plus qu'un simple désir, c'est l'expression d'une nécessité. Celle de faire une synthèse entre des éléments qui, d'habitude, sont séparés, comme la peinture et l'architecture, le dessin et la danse, le trait et le son, etc.». Dans une lettre adressée à Najia Mehadji, Abdelwahab Meddeb, romancier, producteur de l'émission «Cultures d'Islam» sur France Culture et grand connaisseur du soufisme, s'adresse à elle en ces termes : «Vous peignez avec une surprenante lenteur méditative. C'est une lenteur raisonnée, appliquée, suivant méthodiquement un fil qui vous guide dans le labyrinthe intérieur. C'est cette lenteur qui produit le tracé que je reçois explosif. Mais, in fine, l'explosion supposée n'aboutit jamais à l'éclatement, comme si les éclats finissaient par être insérés dans un réseau géométrique». Dès les années 80, l'œuvre de Najia Mehadji fait la synthèse d'un art contemporain qui renouvelle la peinture et d'éléments de l'art islamique tels que la coupole, le polygone, le floral, l'arabesque ou la calligraphie, au bénéfice de nouveaux concepts et de nouvelles formes au sein desquels l'artiste invente son propre style. Dans ses œuvres récentes, Najia Mehadji crée une symbiose entre la notion de drapé, chère à la peinture de la Renaissance, et une gestualité libre d'où émerge une «calligraphie» au féminin, à la fois charnelle et spirituelle. Najia Mehadji est née en 1950 à Paris. Ayant vécu son enfance et son adolescence à Paris, séjournant régulièrement à Fès, d'où sa famille est originaire, diplômée de l'université Paris 1 où elle a soutenu en 1973 son mémoire sur Paul Cézanne, diplômée de l'Ecole des Beaux-arts de Paris, elle expose dès les années 80 dans des galeries parisiennes et, à partir de 1985, elle décide de partager sa vie entre son atelier de Paris et celui du Maroc, près d'Essaouira. Ses œuvres font partie de nombreuses collections dont celle du Palais royal (Maroc), de la Société Générale (Maroc), d'Attijariwafa bank (Maroc), du Musée d'art moderne et contemporain du Centre Georges Pompidou (France), de l'Institut du Monde arabe (France), du Musée des Beaux-arts de Caen (France), du Musée des Beaux-arts de Amman (Jordanie)...