Un mois après l'entrée de Wafa Assurance dans la Fédération des sociétés d'assurances africaines de droit national, le président de la FANAF, Adama Ndiaye, était en visite au Salon Preventica à Casablanca. Il revient sur l'état du secteur des assurances en Afrique au côté du PDG de Wafa Assurance, qui évoque pour sa part l'ambitieuse stratégie de sa compagnie au sud du Sahara. Adama Ndiaye Président de la FANAF(Fédération des sociétés d'assurances africaines de droit national) «Dupliquer le modèle marocain de la prévention» Les ECO : Quel regard portez-vous sur le secteur des assurances au Maroc ? Adama Ndiaye : Je salue l'important travail qui a été fait au niveau de la prévention car c'est l'entrée du métier de l'assurance. Au sud du Sahara, la prévention existe, mais elle n'est pas au même niveau de sophistication qu'au Maroc. Nous avons des actions ponctuelles consistant en des vérifications des risques, des accompagnements de clients, mais il n'y a pas encore de structures dédiées à la prévention dans nos zones. Venir participer au Salon Preventica est une belle expérience. Je pense que nous pourrons dupliquer ce modèle avec l'accord des différents partenaires. Comment évolue le secteur en Afrique ? Les taux de pénétration et la densité du marché de l'assurance dans la zone Afrique sont encore extrêmement bas. Il y a donc un fossé qui nous sépare de ce qui se fait le mieux, non seulement en Afrique mais également dans le monde. Par exemple, le chiffre d'affaires de la zone CIMA représente environ 60 à 70% du marché marocain, or si on intègre les PIB de ces pays, on se retrouve avec des chiffres beaucoup plus significatifs qu'au Maroc. Donc il y a une expérience à en tirer, un savoir-faire à acquérir et une coopération à développer afin que ce qui se passe ici puisse nous enrichir et nous permettre d'agrandir nos marchés. Qu'en est-il du projet de refonte de la réassurance ? Le chantier est en cours depuis fin 2012, début 2013. Il y avait un écart significatif entre les deux visions, celle de la FANAF et celle de la CIMA (Conférence interafricaine des marchés d'assurances (CIMA). Lors de nos assises de Bamako prévues dans quelques jours, nous risquons d'aboutir au scénario suivant : une société ne pourra faire la réassurance dans la zone CIMA que si elle est agréée à travers une implantation avec un capital minimal. Si c'est une société étrangère à la zone et qu'elle souhaite ouvrir un bureau de souscription, il existe d'autres exigences, notamment une caution qu'elle pourrait déposer. Si ce n'est pas une implantation, mais que cette société veuille intervenir juste par le biais de ses bureaux de souscripteurs, il lui faudra être notée par une agence de rating de premier plan. La CIMA voulait cumuler l'existence d'un contrôle local au rating, alors que pour nous, ces deux notations doivent se substituer. Ali Harraj PDG de Wafa Assurance «Wafa Assurance va déposer une demande d'agrément en Côte d'Ivoire» Les ECO : Comment évolue votre stratégie Afrique ? Ali Harraj : Nous avons une stratégie assez ambitieuse en Afrique subsaharienne. La Côte d'Ivoire est l'un des marchés les plus importants de la zone. Wafa Assurance se prépare à y déposer une demande d'agrément. Une filiale locale y a déjà été créée. D'autres pays comme le Gabon nous intéressent également. Notre stratégie est très claire : nous visons les pays où Attijariwafa bank est installée. Nous essayons de développer le savoir-faire acquis au Maroc en parfaite synergie avec la banque. Nous nous intéressons à tout ce qui est banque-assurance ainsi qu'à l'assurance non vie. Qu'en est-il de la filiale camerounaise ? Nous n'avons pas encore obtenu d'agrément au Cameroun. Nous avons déposé une demande qui est en cours d'instruction. Le processus est en bonne voie. Je pense que nous devrions être fixés dans un mois maximum. Nous ferons une communication dans ce sens une fois que cet agrément sera obtenu. Quel est l'intérêt pour vous d'intégrer la FANAF ? Nous sommes présents dans quelques pays africains comme au Sénégal, à travers deux compagnies. L'une évolue dans l'assurance vie et l'autre dans la non vie. Nous sommes en train de nous préparer à opérer dans d'autres pays africains. Pour nous, l'Afrique est un axe de développement stratégique, à l'instar d'autres compagnies d'assurance marocaines. Dans ce cadre, toute forme de coopération que nous pouvons avoir avec des entités africaines publiques ou privées, des associations et fédérations d'assurances est la bienvenue. Quelles sont les perspectives de la coopération sud-sud, notamment dans votre secteur ? Nous sommes très optimistes. Je reviens de l'Africa CEO Forum et je vous assure que les perspectives et le potentiel sont énormes. Il faut être pragmatique et ne pas vouloir tout faire en même temps. L'Afrique est un continent vaste. Il y a certes des besoins en infrastructures, mais aussi en banques, assurances, etc. Il faut prioriser les actions et avec des plans d'actions clairs et structurés. À Genève, de nombreux contacts ont été noués et beaucoup de projets sont en train de mûrir. l