«Il n' y a pas de législation spécifique au secteur de la grande distribution comme c'est le cas pour d'autres pays comme la France». C'est le premier constat de l'étude réalisée par le cabinet Masnaoui & Mazars sur la concurrentiabilité des grandes et moyennes surfaces (GMS) pour le compte du Conseil de la concurrence sur le secteur de la grande distribution. «Cette étude ne constitue nullement une auto saisine du Conseil. Néanmoins elle peut servir de base pour une éventuelle saisine », tient à préciser Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence. Le rendu du cabinet Masnaoui & Mazars devra certainement servir de repère pour le traitement par le Conseil d'une affaire relative à la saisine de l'association des petits commerçants pour «concurrence déloyale des grandes et moyennes surfaces». Néanmoins, il est important de souligner que l'élaboration de cette étude et les besoins qu'elle entend ne supposent nullement que le secteur est livré à lui-même. Au contraire, il est soumis aux textes généraux sur le commerce. En France, le secteur a été réglementé en 1969 et les textes le régissant ont dû suivre plusieurs amendement à tels point que la législation est qualifiée aujourd'hui de restrictive. Podium Ainsi, chez nous, le secteur qui réalise un chiffre d'affaires annuel de 15 milliards de DH est dominé par Acima et Marjane qui arrivent premiers de la course en termes de parts de marché (54%). Ils sont suivis de Label'Vie (28 ̈%) à la troisième place. Selon le cabinet Masnaoui & Mazars, les GMS sont appelées à se développer davantage notamment suite à la croissance de l'urbanisation et le développement des médias et de la publicité. Néanmoins, à valeur d'aujourd'hui, les GMS ne représentent que 12 à 14% du commerce. Selon un benchmark réalisé par l'étude, le Maroc se place derrière la Tunisie et loin devant l'Egypte et l'Algérie. Le commerce traditionnel et l'informel dominent toujours Sur un tout autre registre, l'étude confirme un constat connu depuis toujours. Il s'agit de la pratique des marges arrières (des rémunérations ou des remises différées versées par le fournisseur au consommateur). L'autre confirmation se rapporte à la concentration par les grandes et moyennes surfaces de leur activité sur la commercialisation et distribution des produits de grande consommation destinés aux particuliers (95% de l'activité). En termes d'implantation, l'étude a constaté que lorsqu'une enseigne s'installe dans une ville, elle est rarement suivie par une autre car les coûts d'installation sont énormes et, hormis certaines grandes villes, le marché n'est pas porteur et pas encore mature. Cette absence de maturité du marché explique aussi le développement des hyper-marchés dans les centres des villes. Pour Rachid Hadni, DG de Label Vie, «L'implantation des hyper-marchés coûte énormément car nécessitant de l'espace qui est devenu trop cher et très rare. Mais pour le moment nous sommes obligés de nous développer à l'intérieur des villes car la classe moyenne, première cible de cette catégorie de surface, n'est pas encore bien développée». Rapports de force Quant au pouvoir de négociation des opérateurs face à leur fournisseur, il dépend de l'origine de ce dernier. En effet, ce pouvoir est beaucoup plus important quand il s'agit d'un fournisseur local ou lorsque l'enseigne s'adresse à un petit fournisseur. «Une enseigne de la place ne peut pas se permettre de ne pas exposer dans ses rayons un produit étranger connu mondialement. Par contre elle peut facilement se passer d'un produit local», souligne-t-on auprès du cabinet. Ce qui n'est pas de l'avis du DG de Label'Vie. Selon ce dernier «les GMS ont participé à l'éclosion de champions nationaux et ont casser le monopole de certains produits et certains opérateurs». Le responsable ajoute également que «contrairement au marché français par exemple, où le fournisseur peut réaliser plus de 70% de son chiffre d'affaires avec une seule enseigne, au Maroc, ce dernier peut suitcher facilement d'une marque à une autre sans pertes». En somme, l'étude conclut que le marché est concurrentiel, mais qu'il reste tendu à cause des coûts et de la pression sur les prix. Une situation qui fait que les opérateurs exercent à leur tour une pression considérable sur leur fournisseurs. Résultat: La perception du secteur est aujourd'hui totalement floue. Est-il ou non concurrentiel, ou souffre-t-il de dysfonctionnement ? On ne le sait pas, pour le moment.