L'Institut du monde arabe, à Paris, a rendu un bel hommage à Essaouira. L'occasion pour son ambassadeur André Azoulay d'insister sur l'importance du partage dans ce contexte de «repli identitaire et de vertige de la peur». Une journée sous le signe de l'émotion et du partage. En pleine place Mohammed V, Paris s'est donné rendez-vous pour saluer les efforts d'une ville marocaine dont les principes sont le partage, la tolérance et la culture. Le dimanche 25 janvier à l'Institut du monde arabe «Essaouira est revisitée, Mogador est retrouvée» avec un échange sur le thème de «l'école d'Essaouira, l'importance du lieu, l'importance du lien, pour d'autres lendemains». Débats, musiques, expositions, littérature, Essaouira-Mogador, la ville aux 7 festivals, a fait escale à Paris, Place Mohammed V pour partager avec la capitale mondiale de la culture la diversité de tous ses talents et les promesses d'une histoire trois fois millénaire. «Parce qu'elle a choisi de résister à l'amnésie et qu'elle a su, depuis plus de 20 ans, inviter la Culture au grand banquet de la pensée et de la modernité sociale, Essaouira-Mogador témoigne d'une réalité exaltante au cœur du monde arabo-musulman», confie le conseiller du roi Mohammed VI et président-fondateur de l'association Essaouira-Mogador, André Azoulay, accompagné par Edgar Morin, sociologue et philosophe, Mohamed Tozy, politologue, directeur de l'Ecole de gouvernance économique de Rabat, Marie-Laure Sauty de Chalon, pdg du groupe auféminin.com, Bariza Khiari, sénatrice de Paris, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l'homme au Maroc. Un monde fou est venu ce jour-là pour soutenir Essaouira, symbole de réussite qui devient une ville «bankable» et internationale grâce au pouvoir de la culture, et puisque culture oblige, le débat est sublimé par la voix de Françoise Atlan, directrice artistique du Festival des Andalousies Atlantiques et cantatrice hors pair, venue spécialement de Marseille pour l'occasion. C'était un rassemblement de toutes les cultures, les religions, les âges et les pays ce soir là à l'Insitut du monde arabe que son directeur, Jack Lang a félicité. «Une réalité enracinée dans la convergence heureuse et lucide des civilisations arabe, amazigh et juive, qui s'exprime au quotidien dans un abécédaire philosophique, musical, littéraire et plastique, propre à la Cité des Alizés à qui l'idée de monde n'a jamais été étrangère», rappellera André Azoulay.Dans ce contexte de Charlie Hebdo, cette rencontre a fait l'office d'une pause dans le temps pour rappeler à qui veut bien l'entendre que le Maroc est terre de paix et d'entente où le rapprochement de tous les peuples est une priorité. «Ce fut une journée exceptionnelle fêtant l'altérité, loin des clichés et des généralités de bistrot. Et surtout des belles rencontres ou plutôt retrouvailles avec Latifa Ibn Ziaten dont le fils Imad a été tué par le terroriste Merah, le même qui peu après fera un carnage dans cette école juive de Toulouse», confie le réalisateur marocain Kamal Achkar qui était présent à l'IMA ce jour là. «Cette femme parcourt la France, les établissements scolaires pour raconter et témoigner de sa douleur de mère pour que plus jamais d'autres Merah puissent exister. C'est un long combat et elle le fait sans haine, sans amalgame. Beaucoup devrait s'inspirer d'elle». À 18h, un concert gnaoua-jazz-musiques du monde à l'auditorium a clôturé la journée en beauté avec le grand Hassan Boussou, grand maître gnaoui et ses musiciens, Bojan Zulfikarpasic au piano,Vincent Mascart au saxophone et l'unique Karim Ziad à la batterie. Il est à noter que la veille, samedi, le groupe Hoba Hoba Spirit avait représenté le Maroc avec un concert plein d'énergie et de bonne humeur.Le Maroc à Paris est comme un poisson dans l'eau...