Il ne bénéficie d'aucune stratégie gouvernementale. Cela n'empêche qu'il connaisse une grande «révolution ». C'est du secteur de la distribution de produits pétroliers qu'il s'agit. Fini donc le temps où les stations-services prenaient l'air de pit-stop servant juste à faire le plein de carburant. Aujourd'hui, d'aucuns ne nient le sursaut d'orgueil dont ont été pris les propriétaires de stations-services pour le développement de la qualité des services offerts. «Il s'agit aujourd'hui principalement d'un produit d'appel qui fait la distinction entre les sociétés de distribution», nous confie-t-on au sein du Groupement des pétroliers du Maroc ( GPM). Il faut dire que le contexte de plus en plus concurrentiel dans le secteur rend cette ambition de développer la qualité des stations-services des plus légitimes. En effet, depuis 2000, le rythme d'évolution des points de vente s'inscrit dans une tendance haussière. Selon les dernières données disponibles auprès du ministère de l'Energie et des mines, le nombre de points de vente dans le secteur est passé de 1.890 stations à 2.253 entre 2000 et 2009, soit une moyenne de 37 points de vente ouverts annuellement. Parmi les professionnels du secteur, on rapporte que ce chiffre atteindrait aujourd'hui les 2.400 stations-services. «Dans un marché où les prix sont régulés par l'Etat, il devient clair que seul l'aspect qualitatif permettra de promouvoir les stations des sociétés de distribution», explique Moulay Abdellah Alaoui, président de la Fédération de l'énergie au sein de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Pour ce faire, la nouvelle génération d'entrepreneurs dans le secteur ne lésine plus sur les moyens et injecte désormais de gros budgets à l'investissement dans les stations-services. Gros budgets Selon le président de la fédération, aujourd'hui les budgets alloués à l'investissement dans une station-service peuvent atteindre la bagatelle de 10 MDH, alors qu'il y a quelques années elle n'en dépassait guère le dixième. Et qui dit gros investissements dit aussi plus de rentabilité. Or, les marges sur les prix de l'essence et du gasoil étant administrées, ces entrepreneurs se voient dans l'obligation de se trouver de nouveaux relais de croissance. C'est ce qui explique la tendance observée aujourd'hui et qui se traduit par la mise en place de nouvelles infrastructures incluant parkings, coffee shops, restauration et autres services à même de permettre à la station-service de générer des marges que ne peut lui octroyer l'activité de vente de produits pétroliers. Ceci étant, il n'en demeure pas moins que les sociétés de distribution ne peuvent plus se permettre de poursuivre le rythme d'extension de leurs réseaux comme cela s'est fait ces dernières années. En France... «Le nombre de points de vente disponible aujourd'hui, avec un maillage sur tout le territoire national, répond aux besoins du marché pour une période pouvant atteindre 10 ans», analyse Alaoui. De ce fait, la poursuite de ce rythme d'extension pourrait bientôt constituer une menace pour les stations-services, particulièrement les moins structurées, dans le sens où les débits des écoulements seront appelés à fortement se réduire. Au sein du groupement de la profession, l'on est tout de même rassurant : « La situation actuelle tend plus vers des efforts de rénovation et de mise à niveau des points de vente que de forte extension du réseau ». Quoi qu'il en soit, selon la Fédération de l'énergie, la situation est telle aujourd'hui que le Maroc devrait connaître la même tendance que celle observée à l'étranger, particulièrement en France. Dans l'Hexagone, le développement de grandes surfaces incluant également des stations-services a fait en sorte que le nombre de points de vente est passé de 40.000 unités à 24.000 en l'espace de quelques années. Au Maroc, cette tendance commence déjà à se faire sentir, particulièrement au niveau des grandes surfaces développées en marge des grandes villes du royaume. Parallèlement, les filiales de grandes multinationales tenteront d'étendre leurs réseaux à des régions où elles sont aujourd'hui peu représentées. Dans ce sens, il suffit de citer les régions du sud telles que celle de Oued Dahab-Lagouira qui, jusqu'en 2010, ne comptait que 6 stations-services. À cela s'ajoute la suppression progressive de la tendance ayant prévalu jusque-là où un opérateur se concentrait sur une seule région pour développer son activité. «Aujourd'hui, même des acteurs nationaux, à l'image de Ziz, qui ont commencé avec un nombre restreint de points de vente sis dans une seule région, se retrouvent aujourd'hui en mesure de couvrir tout le royaume», se réjouit-on au sein de la Fédération. La concurrence s'acharne Aujourd'hui, pas moins de 16 sociétés de distribution pétrolière opèrent sur le marché marocain. Cependant, toutes ne sont pas logées à la même enseigne, puisque près de 90% du réseau est concentré sur sept opérateurs seulement. Le premier réseau à ce titre est détenu par Afriquia Gaz qui, au terme de l'année 2009, disposait de 445 points de vente, dont 59 dans la région de Souss-Massa-Darâa, 50 sur Marrakech-Tensift-Al Haouz et 47 sur Chaouia. Le reste du réseau est éparpillé sur l'ensemble des autres régions du royaume, hormis Laâyoune-Boujdour où, jusqu'en 2009, Afriquia ne comptait aucun point de vente de l'enseigne. L'autre enseigne dont le réseau de distribution est aussi important est Shell Maroc qui a atteint un nombre de 407 stations-services. L'enseigne est sans conteste la plus en vue sur le Grand Casablanca avec 76 points de vente, suivie de Total qui, sur les 302 unités qui constituaient son réseau à fin 2009, dispose de 50 dans la métropole économique. Ceci étant, à l'instar d'Afriquia, Shell du Maroc et Total Maroc sont tout aussi absents de la région de Laâyoune. Cette dernière est principalement desservie par Atlas Sahara et Petrom Sahara qui ont installé la quasi-totalité de leurs unités dans cette région. Ceci démontre la prédominance de la stratégie de répartition régionale qui a prévalu jusque-là dans le business des stations-services, puisque les opérateurs préféraient se concentrer sur les régions où la concurrence leur a été bénéfique. Aujourd'hui, selon la Fédération de l'énergie, la donne a tendance à changer puisque l'on retrouve de plus en plus de marques qui se délocalisent de leurs marchés traditionnels pour aller titiller d'autres sur leurs régions de prédilection.