C'est la première fois qu'un colloque sur le secteur papetier de cette envergure se tient au Maroc. Hier à Rabat, l'événement regroupant industriels français et représentants du secteur au Maroc a été organisé par la CFCIM et Ubifrance, en collaboration avec le Syndicat des machines et technologies de production français (Symop). Cette rencontre porte une dimension commerciale et d'échanges dans la mesure où les acteurs français veulent proposer des solutions technologiques de pointe pour améliorer les process de production, de récupération et de traitement de la pâte à papier. Jean-Marie Grosbois, président de la CFCIM, parle de mission de prospection dans un esprit de co-développement du secteur, notamment pour conduire ensemble la France et le Maroc sur les marchés émergents d'Afrique et du Moyen-Orient. Philipe Baudry, chef du service économique près l'Ambassade de France à Rabat, évoque quant à lui trois défis à relever: la gestion durable des ressources naturelles, l'intégration de nouvelles technologies et l'ouverture des frontières. Il a indiqué que l'énergie représente 20% du prix de revient de la fabrication du papier au Maroc, contrairement à la France où le coût de l'énergie est moindre, sachant que 70% de la production électrique est d'origine nucléaire. S'ajoute à cela le fait qu'au Maroc, les forêts représentent à peine 13% de la superficie du pays. Enfin, et c'est là où la marge de manœuvre des fabricants français est grande, le royaume ne recycle que 30% du papier utilisé contre 60% en Europe. A également été relevée l'absence d'un circuit de recyclage digne de ce nom. Mounir El Bari, président la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l'emballage (Fifage), estime que la manière dont la collecte du papier destiné au recyclage est effectuée multiplie par trois son prix, sachant que quatre grandes papeteries en dépendent. Une convention-cadre est actuellement en préparation pour moderniser la collecte via des triporteurs. Cela permettra, entre autres, de baisser le nombre des intermédiaires, et partant le prix de cet important intrant. Autre volet la consommation de papier au Maroc est encore embryonnaire, avec 15 kg/an/ha contre 150 kg en Europe et 300 kg aux Etats-Unis. En tout, le Maroc produit à peine 500.000 tonnes de papiers par an alors qu'à lui seul, le secteur graphique en France est fort de 80.000 entreprises, 4 millions de tonnes de production et 15 milliards d'euros de CA. Toutefois, le secteur est passé par une forte zone de turbulence en 2013, de l'avis du représentant du Symop. En effet, de 150 machines en 2012, le secteur est passé à 139 en 2013. Au Maroc, l'industrie du papier au Maroc compte 11 machines. Les perspectives pour 2015 augurent néanmoins une reprise pour les entreprises françaises et leurs partenaires au Maroc. Aujourd'hui, le secteur en France cherche des débouchés au Maroc et surtout en Afrique, toujours en partenariat avec le royaume. L'AFD apporte déjà son soutien dans ce sens et, selon le représentant du Symop, les industriels français négocient une ligne de 25 millions d'euros en faveur des PME exportatrices vers l'Afrique.