La filière canarienne de tomate a pointé du doigt une entrée massive de tomates marocaines en provenance d'Agadir. Un prétexte pour attirer les regards sur les retards du déblocage des aides directes que reçoit la filière. À peine la campagne agricole a-t-elle démarré que les querelles sur la tomate marocaine ont repris de plus belle. Cette fois-ci, le coup de gueule provient du sud, précisément des Îles Canaries. La plateforme qui se charge de la défense des fruits et légumes de l'archipel s'en est prise aux tomates marocaines commercialisées sur les étals de l'archipel. La plateforme a peu apprécié l'introduction, la semaine dernière, dans le principal marché de gros de fruits et légumes, de tomates en provenance de la région d'Agadir. Les producteurs ont souligné que cela fait une décennie qu'ils critiquent les «préjudices» portés à leur secteur par les accords conclus entre le Maroc et l'Union européenne. De ce fait, la filière a reproché aux instances européennes le fait de conclure des accords avec des pays tiers sans la réalisation d'étude d'impact sur le secteur, ni même que le gouvernement de Madrid la réclame auprès de Bruxelles. La filière reconnaît que, malgré cette bataille menée contre la tomate nationale, celle-ci a fait son entrée dans le marché canarien sous l'appellation commerciale «Suncrops». Et, au grand malheur de la filière canarienne, toute la marchandise importée a été écoulée. Piquée au vif, la plateforme a dénoncé que le consommateur final était induit en erreur puisque l'origine marocaine de la tomate n'était pas indiquée dans les supermarchés où ce fruit a été proposé à la vente. «C'est une concurrence méprisable à l'encontre des travailleurs canariens du secteur de la tomate de la part de ceux qui consentent à ce que cela se produise», s'est plaint la filière. Celle-ci a repris le même leitmotiv sur les faibles coûts de production et les bas salaires des ouvriers marocains pour pointer du doigt l'inégalité de la concurrence. Seulement, le secteur canarien omet volontairement le dumping économique pratiqué par la filière. En effet, le secteur reçoit des subventions de la part de son gouvernement local et central dans le cadre du programme européen d'aide au secteur primaire. Ces aides directes se chiffrent à 22 millions d'euros, sans oublier les aides au transport de marchandises, dont le budget était de 18 millions d'euros en 2011. D'ailleurs, le coup de gueule de la filière canarienne est un rappel aux autorités compétentes, de sorte à pousser celles-ci à se dépêcher de verser les subventions. De plus, l'archipel n'est pas en mesure d'assurer son autosuffisance alimentaire. Les îles importent 80% de leur consommation interne en fruits, légumes et viandes. Une grande partie des produits maraîchers, à l'instar des courgettes, sont importés du Maroc, pour couvrir les besoins de la population et ceux des 12 millions de touristes qui visitent l'archipel.