Le salon international de l'aéronautique et de l'espace, Le Bourget, bat son plein. Et la participation marocaine n'est pas en reste. Comme nous l'avons publié hier sur nos colonnes, une annonce conjointe entre Boeing et le ministère de l'Industrie et du commerce a été faite, mais elle a toutefois été moins cruciale que prévu, l'ensemble des observateurs s'attendant à l'annonce d'une nouvelle implantation industrielle, ou du moins un nouveau partenariat stratégique. Finalement, il s'agit en substance d'un événement de promotion de la destination d'investissement Maroc, de la part de l'avionneur américain, et plus précisément auprès de ses équipementiers internationaux. Ce qui reste bien entendu une initiative stratégique non négligeable, vu l'importance primordiale du géant américain dans le secteur aéronautique, matérialisée par sa force d'influence sur les fournisseurs de composants. «Nous vivons une augmentation sans précédent de la demande pour les avions. Le gouvernement marocain a fait preuve d'une forte volonté de développer son industrie aérospatiale, tant en infrastructure qu'en formation de la main-d'œuvre, ce qui va soutenir cette croissance. Nous pensons que Boeing et ses fournisseurs peuvent bénéficier de l'expansion de l'industrie aérospatiale marocaine», souligne Stan Deal, vice-président et manager général des fournisseurs pour avions commerciaux chez Boeing. Par cet événement qui se tiendra le 12 octobre prochain au Maroc sous forme de mission commerciale, «Boeing introduira ses fournisseurs aux entreprises marocaines, et encouragera la concrétisation de partenariats forts avec le pays, à travers le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS)», indique l'avionneur dans son communiqué. Une occasion en or pour la filière nationale de l'aéronautique, et particulièrement pour remplir la Plateforme industrielle intégrée de Nouaceur. Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie et du commerce, a d'ailleurs vanté les avancées majeures du Maroc, ainsi que le caractère stratégique du secteur dans la politique économique nationale, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue quelques minutes avant l'annonce. «Les partenariats comme celui que nous entretenons avec Boeing démontrent que nous avons développé une offre aéronautique attractive à haute valeur ajoutée», se félicite le ministre. Il a également présenté le projet de Constitution qui sera soumis à référendum le 1e juillet prochain comme un atout supplémentaire pour les investisseurs étrangers. Commandes contre emplois ? Il faut dire que les deux parties entretiennent une relation commerciale depuis 1969, date à laquelle Royal Air Maroc a acheté son premier Boeing, le 727. Depuis, la flotte de la compagnie nationale est quasi exclusivement composée d'aéronefs estampillés Boeing. «Tout comme Alstom a compensé les grosses commandes faites par le Maroc à travers son implantation, il est normal que Boeing joue le jeu en contribuant au développement des investissements aéronautiques», souligne Chami. Mais cela voudrait-il dire que RAM continuera à s'équiper exclusivement en avions Boeing ? Pour Chami, il n'y a pas d'exclusivité, et «les portes restent ouvertes à Airbus pour les acquisitions futures de la compagnie». Mais pour l'instant, les besoins de RAM sont couverts d'ici 2015, notamment après l'acquisition des 4 premiers ATR 72-600 de série. Le jeu est donc a priori ouvert au-delà de 2015 dans le cadre du futur programme d'investissement de la compagnie nationale.