La hausse des prix de 4 références de yaourts de Centrale Laitière a suscité une réaction de la part des consommateurs. L'entreprise cite, entre autres, la décompensation des prix des hydrocarbures, qui a eu un effet sur le prix du fuel, ainsi que le taux d'inflation cumulé au Maroc et son effet sur les prix des matières plastiques comme principales raisons derrière cette hausse. Pour la première fois, Centrale Laitière fait face, depuis quelques jours, à une campagne de boycott sur les réseaux sociaux, suite à la décision de l'ancienne filiale de SNI d'augmenter les prix de certains de ses produits. Une campagne qui a même bénéficié de «l'approbation» du chef de gouvernement. En effet, selon Centrale Laitière, plusieurs paramètres entre en jeu dans cette hausse de prix. L'opérateur préfère en effet de parler de «réajustement qui ne concerne que 4 produits». L'explication fournie par Centrale Laitière évoque ainsi plusieurs éléments, dont certains sont liés, au fond, à certaines décisions gouvernementales. De même, la décompensation des prix des hydrocarbures a eu un effet direct sur le prix du fuel, dont le prix a augmenté de 73%. Aussi, la dernière hausse de prix, qui concerne uniquement 4 produits de Centrale Laitière, à savoir les références Assil, Velouté, Assiri et Danino 80g, «s'explique en raison du taux d'inflation cumulé au Maroc qui a atteint +24,4% entre 2004 et 2014». Par ricochet, «les pressions exercées par l'inflation se sont répercutées sur le prix d'achat, non seulement des matières premières plastiques (+73% entre 2009 et 2013) mais aussi des hydrocarbures (+15% à 20% en 2012)». Par ailleurs, la revalorisation du prix du lait payé aux producteurs laitiers, opérée en deux temps entre août 2013 et février 2014, a eu aussi son mot à dire. Le lait étant la matière première du yaourt, «l'augmentation du prix d'achat du lait cru a naturellement impacté le prix de revient final du yaourt». Pour Centrale Laitière, la réévaluation es amplement justifiée et entre dans le cadre d'une réponse aux «impératifs économiques», comme l'augmentation des prix des matières premières et des hydrocarbures qu'aucun opérateur ne maîtrise. Impact sur le secteur L'été dernier, Centrale Laitière avait procédé à une augmentation entre 40 et 50 centimes, selon les différentes gammes, du prix du litre du lait. À l'époque, cette décision avait créé un effet d'émulation de la part du concurrent principal qui a, à son tour, augmenté le prix de ses gammes de produits laitiers. En ce qui concerne l'augmentation des prix des yaourts, aucun effet similaire n'a été recensé, jusqu'à présent, sur le marché. Mais, s'il est vrai que les prix des produits laitiers sont fixés librement par les opérateurs, un argument mis en avant par Centrale Laitière, ajoutant que ces derniers sont libres dans «la mise en place des prix de vente de leurs produits en fonction de ses contraintes et de ses objectifs», l'augmentation a tout de même créé une sorte d'émoi au sein du marché et auprès des consommateurs. Quant aux ventes des produits concernés par la hausse des prix, et à la question «avez-vous calculé en amont l'impact de cette hausse sur les ventes?», Asmaa Belkeziz, directeur relations institutionnelles et communication à Centrale Laitière, répond que «la réévaluation des prix pour les 4 références de yaourt citées précédemment représente une hausse moyenne de 28 centimes par unité. Cette hausse est très limitée et ne devrait pas impacter significativement nos ventes». Il faut tout de même patienter pour voir l'impact réel sur les ventes. L'entrée en jeu des communautés virtuelles et le buzz créé par l'appel au boycott risque de perturber les prévisions de Centrale Laitière. «Malgré la crise et un contexte économique des plus difficiles, nous avons limité cette hausse à un minimum de produits. Nous faisons aujourd'hui en sorte de ne pas impacter négativement le secteur», souligne Belkeziz. Timing Le timing de cette augmentation, survenue aux prémices de la période estivale qui connaît une augmentation de la consommation des produits laitiers, est aussi un élément à prendre en compte, bien qu'il soit prématuré de dire que cela aura -ou non- un effet négatif sur le secteur de manière générale. En rétrospective, les prix du yaourt se sont stabilisés depuis 2004 alors que les opérateurs déplorent l'augmentation des prix des intrants. «Il est important d'observer que les prix des yaourts n'ont pas augmenté ces dix dernières années parce que Centrale Laitière a tout fait pour ne pas répercuter la hausse des prix des intrants sur le prix payé par le consommateur», conclut Belkeziz.