C'est le grand ménage dans les formations en transport et logistique ! Le nouveau contrat sectoriel lancé par l'AMDL entend rectifier le tir, en mettant en adéquation l'offre et la demande. Parmi les outils proposés, la mise en place d'un système de labellisation des formations par le secteur privé. Un organisme public/privé devrait être créé à cet effet. «Nos plus gros challenges concernent les ressources humaines», affirme Ali Tazi, administrateur directeur général de Dislog, l'une des entreprises leaders en logistique. Ce constat est généralisé chez l'ensemble des opérateurs du secteur, qui pestent contre la rareté des profils de qualité. «Nous cherchons des profils opérationnels qui intégreront le système dès le premier jour», affirme le DG de Dislog qui emploie aujourd'hui plus de 700 personnes. Chez les professionnels, l'on qualifie le besoin de «chronique», tant les différentes formations et masters qui pullulent sur le marché ne répondent plus aux exigences. Le contrat sectoriel lancé par l'Agence marocaine du développement de la logistique (AMDL) en début d'année entend répondre à ce défi, en agissant sur 3 axes : il entend renforcer les effectifs de manière plus ciblée, mettre en adéquation l'offre et la demande, pour éviter que le système ne diverge et préparer des indicateurs annuels permettant d'avoir une meilleure visibilité sur l'offre actuelle et de la demande des opérateurs. Concrètement, cela permettra de renforcer l'offre de formation pour les filières demandées par le marché et de mener des études sectorielles sur la formation dans les métiers de la logistique (emplois, métiers, compétences, plan de formation...). Les actions seront également menées du côté du développement des pôles de recherche appliquée en logistique et d'un mécanisme d'aide à l'emploi spécifique au secteur. Cette approche a déjà fait ses preuves dans d'autres secteurs comme l'aéronautique. L'un des moyens de réguler l'offre et la demande est d'intégrer un système de labellisation des filières et des organismes de formation en logistique : «C'est d'un label fourni par le secteur privé que l'on parle et non d'un système d'accréditation étatique», précise Younes Tazi. Une institution mixte public/privé devrait d'ailleurs être bientôt créée, pour piloter cette opération. Ce sont autant de mesures qui tenteront de redresser la barre. Diversifier les offres Le secteur de la formation en logistique a connu de nombreuses initiatives publique et privée, sans grande concertation ni une véritable étude des besoins du marché. Résultat : «Nous avons créé beaucoup trop de masters et nous avons formé des chômeurs», regrette le DG de l'AMDL. Et d'ajouter : «Les instituts de formation surproduisent des managers en logistique dont la compétence laisse souvent perplexe». De plus, les formations reste «trop» tournées logistique. «Nous avons besoin d'ingénieurs polyvalents avec une vraie expertise logistique», affirme Younes Tazi. Le même constat concerne la formation des techniciens et opérateurs. Les objectifs de la stratégie en termes de nombre de techniciens formés ont été atteint, mais les aspects qualitatifs laissent à désirer. Au-delà de l'aspect qualité, nous parlons aujourd'hui de la diversification des offres de formation». La formation en logistique demeure dominée aujourd'hui par le caractère initial, qui offre des perspectives limitées. Pour améliorer les échanges entre l'entreprise et le monde académique, l'AMDL travaille sur la mise en place de centres de formation au sein même des zones logistiques. La double diplomation est une autre solution. La création d'un institut supérieur méditerranéen spécialisé en logistique est d'ailleurs en discussion avec certaines grandes écoles et universités partenaires, comme l'Ecole des ponts et chaussés ou l'Université de Valenciennes. «Une convention a été signée il y a un an. Nous sommes en train de définir les contours du projet avec nos partenaires», affirment les responsables de l'AMDL.