Pour une coopérative et dans le meilleur des cas une très petite entreprise (TPE), accéder aux réseaux de distribution et écouler sa production sans couacs relève de l'exploit. C'est l'une des raisons pour lesquelles, pendant des années, les produits de terroir étaient principalement commercialisés via les réseaux classiques (marchés, souks, bouche à oreille). C'est l'une des raisons également qui expliquent le retard accumulé dans l'essor du terroir national sur le créneau de l'export. Hormis les cas où le contact était directement pris avec la coopérative, pour des opérateurs étrangers de cosmétiques notamment, les produits du terroir étaient très peu connus. Aujourd'hui, les différents pôles publics veillant sur la valorisation du terroir national s'affairent par là même sur l'intégration de ces petits producteurs dans la chaîne de valeur économique. Dans la foulée, Maroc Taswiq (ex-Office de commercialisation et d'exportation) déployait un modèle économique complet dans le cadre de sa restructuration. Puisant à la fois dans l'expérience espagnole et japonaise, ce modèle couvre tout le processus d'écoulement du produit, depuis l'organisation de la profession jusqu'à l'achat par le consommateur. Le repositionnement stratégique de l'OCE et sa mutation vers Maroc Taswiq ont été pensés «afin de prendre en main l'économie solidaire, en termes d'agrégation de l'offre, afin qu'elle puisse accéder au marché international», explique le directeur général de Maroc Taswiq. L'organisme se propose déjà en tant qu'«incubateur de coopératives». Cette reconnaissance est ainsi considérée comme un sésame pour les marchés et un gage de confiance à l'égard des consommateurs. «Nous nous chargeons de la logistique de distribution locale et internationale, et nous assurons la commercialisation aussi au Maroc et à l'étranger», explique Najib Mikou. L'avancée majeure de ce schéma se veut indéniablement l'élimination du maillon de l'intermédiation, laquelle plombe la compétitivité du produit et affecte le revenu du petit producteur. Au sein de l'Agence pour le développement agricole, un chantier considérable de mise en place de plateformes logistiques dédiées au terroir est en marche. Axe majeur de la stratégie de développement de la commercialisation des produits du terroir, ces plateformes logistiques ont été pensées pour remédier à la problématique de distribution des produits du terroir. «Nous sommes en train de construire deux unités de ce genre (Meknès et Al Hoceïma) et nous avons dimensionné sur le plan technique une troisième unité à Souss-Massa», expliquent ainsi les responsables de l'ADA. L'idée, précise Ahmed Khannoufi, chef de division de la logistique de commercialisation des produits de terroir au sein de l'ADA, est de consolider les offres de tous les GIE d'une même région, d'assurer une massification du flux en plus du conditionnement et du stockage de ces produits dans des entrepôts de stockage au sec et des frigos pour les entreposages au froid. Toutefois, ce n'est pas tout puisque ces plateformes devront aussi jouer le rôle d'intermédiaire avec les marchés et seront dotées de tous les services d'appui disponibles sur place. «Pour un produit destiné à l'export par exemple, les certifications de l'EACCE ou de l'ONSSA seront assurées sur place», précise Khannoufi. Par ailleurs, les études menées par l'ADA ont montré que les grands distributeurs ou exportateurs ne s'intéressent pas aux produits du terroir en raison du peu de leur disponibilité en quantités consolidées. Ces plateformes seront adossées à un réseau de collecte de la production, laquelle sera acheminée vers la plateforme «sans oublier un service en aval d'acheminement vers la distribution, le tout moyennant une rémunération à débourser par le groupement», ajoute Khannoufi.