Les récentes affaires antidumping et la démarche défensive du Maroc concernant l'importation de certains produits alarment l'Union européenne (UE). L'ambassadeur de l'UE au Maroc, Rupert Joy, a clairement montré son inquiétude quant à la position du Maroc sur les mesures de défense commerciale durant la conférence de presse organisée lundi dernier par la délégation de l'UE au Maroc. «Nous avons des doutes sur l'application de certaines mesures de défense commerciale. Si elles sont mal introduites, ces mesures peuvent avoir un impact important sur nos échanges commerciaux», tempête Rupert Joy. Le diplomate fait surtout allusion ici à l'enquête antidumping visant la tôle laminée à chaud importée de l'Union européenne et de la Turquie. Les représentants de l'UE avaient d'ailleurs clairement affichés leurs doutes concernant certaines marges avancées par les industriels marocains durant l'audition publique tenue la semaine dernière. La délégation revient aujourd'hui à la charge et met en garde les autorités marocaines contre toute mesure précipitée. Tout en rappelant le droit du Maroc à invoquer des mesures de sauvegarde et des mesures antidumping, conformément aux règles de l'OMC, l'ambassadeur affirme que «Le Maroc a beaucoup d'atouts dans la région. Le nombre de pays où les investisseurs européens seraient prêts à investir se compte sur le bout des doigts et je pense que ce n'est pas le bon moment d'envoyer des signaux négatifs qui pourraient être interprétés comme protectionnistes». L'UE estime qu'au moment où l'économie européenne montre des signes de reprise se traduisant par des opportunités manifestes pour le Maroc, le pays ne devrait pas prendre le risque de véhiculer une telle image. «Pour le moment, il n'y a pas encore de mesures finales, seulement des mesures provisoires comme dans toute enquête. Nous ne pouvons donc pas dire que le Maroc soit déjà dans une démarche protectionniste», défend Marta Moya Diaz, chef de la section commerciale de la délégation de l'UE. Toutefois, l'UE dénonce une «faiblesse argumentaire» dans le contenu des rapports provisoires sur ces affaires. «Toutes les mesures qui sont prises, qu'elles soient des mesures de sauvegarde ou d'antidumping, doivent remplir les conditions de l'OMC», poursuit Moya Diaz. Celle-ci explique que du moment que l'on parle de dommage grave sur une industrie donnée, il est impératif d'appliquer les critères macroéconomiques reconnus en cette matière permettant d'affirmer un tel constat. . D'ailleurs, la délégation de l'UE prépare actuellement son contre-argumentaire suite à l'audition publique du 4 février dernier. «Nous respectons les décisions prises par les autorités marocaines, mais nous avons des doutes concernant des affaires en cours, et nous allons naturellement défendre les intérêts de l'UE en ce sens», souligne Moya Diaz. 6 nouveaux programmes en 2014 Le bilan des relations Maroc-UE au titre de l'année 2013 a été jugé très positif par la délégation de l'UE. Ce bilan a été marqué notamment par la réussite des programmes de soutien qui ont totalisé des dons de plus de 3MMDH, dont notamment le programme Hakama sur la gouvernance publique, la deuxième phase du soutien à l'INDH ou encore à la lutte contre l'analphabétisme. Pour 2014, Rupert Joy affirme que l'UE compte signer 6 autres programmes parmi lesquels figurent la 3e phase du programme d'appui à la couverture médicale de base (50 millions d'euros), les deuxièmes phases du programme de soutien à l'agriculture et à l'éducation (avec respectivement 60 millions d'euros et 89,9 millions d'euros) et enfin le programme «Réussir le statut avancé» qui devrait poursuivre sa deuxième phase avec 87 millions d'euros de dons. Rupert Joy , Ambassadeur de l'UE au Maroc «L'ALECA pour plus de business avec le Maroc» Les ECO : Quel est l'intérêt pour l'UE de signer un accord du type de l'ALECA avec le Maroc ? Rupert Joy: Notre politique de voisinage vise à la fois une prospérité économique et le maintien de la sécurité. Les évènements de 2011 ont seulement renforcé cette volonté de travailler avec nos voisins. Le Maroc est un pays particulier dans ses rapports avec l'UE. Nous avons un partenariat qui date d'une cinquantaine d'années maintenant. Nous avons donc déjà un partenariat évolué. L'ALECA nous donnera l'opportunité de faire plus de business avec le Maroc et mieux protéger nos investisseurs. Idéalement, ces accords doivent être des accords gagnant-gagnant. Quelles sont vos ambitions par rapport au futur accord sur la coopération militaire ? Le rôle de l'UE en matière de sécurité est quelque chose qui évolue et il est clair que la situation dans le Sahel et en Afrique du Nord est une situation inquiétante tant pour le Maroc que pour l'UE. Nous avons donc tout intérêt à trouver des moyens de travailler ensemble. Le Maroc a joué un rôle responsable sur la scène internationale depuis longtemps et sur cette région en particulier, et nous sommes toujours à la recherche de partenariats avec ce genre de pays. À titre d'exemple, nous venons de signer un partenariat avec le Chili qui lui permettra de participer aux opérations de gestion de crise de l'UE, et nous avons la même ambition pour le Maroc.