Les Echos quotidien : Les coûts d'investissement dans les énergies renouvelables, notamment le solaire, sont très élevés. Quel rôle jouer l'UE pour financer les projets annoncés dans le cadre du Plan solaire marocain ou encore le Plan éolien intégré ? Eric Landaburu : Il est à noter que la Banque européenne d'investissement (BEI) est l'institution financière de l'Union européenne. Elle accorde des financements à l'appui des projets d'investissement dans de multiples domaines, dont la lutte contre le changement climatique, la promotion de l'énergie durable et les réseaux transeuropéens transfrontaliers dans les secteurs des transports, de l'énergie et des communications. À titre d'exemple, elle finance au Maroc de grands projets d'investissement dans l'énergie, et notamment dans les réseaux de transports de l'électricité, dans l'électrification rurale, ainsi que dans des projets hydro-électriques. Une deuxième option possible est celle de la Facilité d'investissement du voisinage (FIV), un nouvel instrument créé dans le cadre de la Politique européenne de voisinage pour renforcer le soutien de l'UE au développement économique de ses voisins. La FIV vise à optimiser l'impact de l'aide financière de l'UE, en particulier les prêts accordés par les institutions financières européennes, afin de financer des infrastructures essentielles. La FIV finance des projets portés par au moins deux institutions financières publiques européennes. Dans le cas du Maroc, actuellement, certains projets bénéficient déjà de la FIV, tels que le programme national des routes rurales, le tramway de Rabat-Salé, le programme de rénovation et construction d'écoles dans le cadre du programme d'urgence de l'éducation et le programme national d'assainissement. Au total, cela représente un financement en dons de l'Union européenne à hauteur de 42,8 millions d'euros et qui accompagne des prêts pour 2,821 milliards d'euros. Le Maroc est donc particulièrement actif dans sa participation à ce nouvel instrument. Jusqu'à quel degré l'UE est-elle impliquée dans la mise en œuvre des projets de développement des énergies renouvelables au Maroc ? L'Union européenne soutient la réforme du secteur énergétique au Maroc, à travers un programme d'appui. Un des volets principaux de ce programme concerne justement l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. À titre d'exemple, dans le cadre du partenariat, l'UE accompagne la transformation du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) en Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE), ainsi que l'adoption du cadre législatif pour favoriser les énergies renouvelables et promouvoir l'efficacité énergétique au Maroc. Egalement dans le cadre de ce programme, l'UE va soutenir financièrement l'application dans des projets concrets de construction ou de réhabilitation de bâtiments d'une efficacité énergétique accrue en application de la loi relative à l'efficacité énergétique, et notamment du code de règlementation thermique du bâtiment, actuellement en préparation. Enfin, nous travaillerons avec le gouvernement marocain sur l'évaluation du potentiel en biomasse, l'actualisation de l'atlas solaire et de l'atlas éolien, et la publication d'un schéma national de développement de l'éolien. Le Maroc mène depuis quelques années une réforme profonde de son secteur énergétique. Quel genre d'appui l'UE apporte-t-elle au royaume dans ce sens ? Dans le contexte du programme de l'Union européenne d'appui à la réforme du secteur énergétique au Maroc, d'un montant de 845 millions de dirhams, nous promouvons l'intégration progressive du marché énergétique marocain à celui de l'Union européenne, ainsi que l'intégration progressive du Maroc dans les marchés électriques et gaziers euro-méditerranéens. Ce partenariat consiste à appuyer les principales réformes dans le secteur énergétique au Maroc par le renforcement de la sécurité et de la sûreté de l'approvisionnement énergétique, la diversification des formes et sources d'énergie, le développement des énergies renouvelables, et la maîtrise de l'énergie par des mesures d'efficacité énergétique. Des programmes régionaux qui touchent plusieurs pays du Sud, dont le Maroc, viennent en complément de la coopération bilatérale, tels que le projet MED-ENEC II d'éfficacité énergétique dans le secteur de la construction, qui encourage l'efficacité énergétique et l'utilisation de l'énergie solaire dans le secteur de la construction, par le biais d'un renforcement des capacités, d'instruments fiscaux et économiques et de projets pilotes et le projet MED-REG II qui soutient l'élaboration d'un cadre de réglementation moderne et efficace en matière d'énergie dans les pays partenaires méditerranéens et renforce leur coopération avec les régulateurs de l'énergie de l'UE.