Malgré un potentiel fort prometteur, le secteur des énergies renouvelables est encore dans une phase embryonnaire au Maroc. Sachant que le Royaume souffre dune dépendance énergétique à plus de 95%, miser sur les énergies renouvelables savère une option inévitable. Depuis 2004, le Maroc sest doté dun plan national de développement des énergies renouvelables et de lefficacité énergétique. Un plan qui prévoit la création de plus de 10.000 emplois et la réduction de la facture énergétique à hauteur de 2,7 milliards de DH. Lun des objectifs de ce plan national est de contribuer au programme de la généralisation de laccès à lénergie et à la préservation de lenvironnement. Face à la demande croissante dénergies nécessaires au développement, le Maroc accorde une place de plus en plus importante à la mobilisation des ressources locales dénergie, autrement dit, aux énergies renouvelables et à lefficacité énergétique. Entre atouts et besoins Il est à signaler dans ce cadre que le Maroc bénéficie dun ensoleillement important (5 kwh/m2j), dune forte exposition aux vents (6.000 MW) et dun potentiel hydraulique significatif (plus de 200 sites). Le Royaume, qui a lancé un vaste programme de développement des zones rurales enclavées, mise réellement sur les énergies renouvelables, en témoigne le programme national pour lélectrification rurale décentralisée (ERD) qui aspire à lapprovisionnement de la population rurale à laide de systèmes solaires photovoltaïques et thermiques, hydrauliques et éoliens. Ce genre de programme ne va pas sans créer une dynamique sur le plan des investissements. Signalons dans ce sens que le plan national de développement des énergies renouvelables compte drainer à lhorizon 2010 des investissements directs de lordre de 19 milliards de DH. Il prévoit également la création de 1.000 micro-entreprises de services énergétiques de proximité. Dans le cadre de lefficacité énergétique (EE), le plan national vise lamélioration des profils de consommation énergétique en développant des chauffe-eau solaires et en installant 400.000 m2 de capteurs thermiques. Il est à noter que les 5.000 bains maures du Maroc consomment 1.250.000 tonnes de bois et déchets et produisent 1.850.000 tonnes de CO2 par an. La diffusion des chauffe-eau solaires permettra de préserver la forêt et par conséquent lenvironnement. Quid des contraintes ? Dans ce cadre, le Centre de Développement des Energies Renouvelables (CDER) avait initié le programme de développement du marché marocain solaire (Promasol), et ce en partenariat avec le ministère de tutelle, lONE, le PNUD, le Fonds pour lEnvironnement Mondial (GEF), le gouvernement andalou et lAssociation Marocaine du Solaire et de lEolien (AMISOLE). Le secteur énergétique au Maroc est en profonde mutation, comme le montrent les différentes concessions octroyées au secteur privé pour la production de lélectricité, les réformes tarifaires et fiscales pour renforcer la compétitivité des entreprises industrielles et les différents programmes lancés pour la généralisation de laccès à lélectricité. Cependant, pour bien valoriser les ressources énergétiques et profiter des expériences des pays développés, notamment ceux de lUnion européenne, le Maroc est appelé à accélérer les réformes en matière de politique énergétique. Si on prend lexemple de la coopération maroco-allemande dans le domaine des énergies renouvelables, les investisseurs allemands cherchent, comme tout autre investisseur, à avoir une rentabilité sur leurs investissements. Ce nest pas le cas au Maroc. «Pour un investisseur privé qui produit de lénergie, il ne peut la vendre par la suite. La législation actuelle ne lui permet pas cette action. En Europe, cest différent, puisque les producteurs privés dénergie (éolienne, solaire,...) peuvent commercialiser leurs produits. Ceci constitue un handicap pour les investisseurs dans ce domaine», nous affirme un professionnel du secteur. Autre contrainte : celle des compétences spécialisées en la matière. Dans ce cadre, il y a quelques mois, un projet de centre de formation aux métiers des énergies renouvelables a été lancé. Lobjectif premier du centre est de former des jeunes aux profils qui répondent au métier tout en soutenant cette nouvelle filière. La volonté du gouvernement pour développer le secteur des énergies renouvelables est forte. En revanche, les moyens daccompagnement juridique ou financier simposent plus que jamais comme une condition sine qua non pour la réussite dun tel projet denvergure.