Le feuilleton de l'affaire du prix du médicament se poursuit. Les industriels passent à l'attaque en publiant un communiqué virulent à l'égard du ministre de la Santé, le prévenant des risques d'une décision unilatérale en ce sens. Dans une réaction conjointe faisant suite à une réunion tenue le 24 septembre dernier, l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), Maroc Innovation et Santé (MIS) et l'Association marocaine du médicament générique (AMMG) expriment «leur inquiétude au sujet du projet de décret relatif au mode de calcul des prix des médicaments élaboré par le ministère de la Santé et soumis à la primature». C'est une information que nous avons pu confirmer auprès du ministère de la Santé où l'on nous affirme qu'une «mouture est en discussion au sein du département des Affaires générales et de la gouvernance qui tient un Conseil interministériel sur le prix du médicament». Une procédure somme toute normale, explique-t-on au département de tutelle. Une explication qui ne semble pas convaincre les industriels qui y voient surtout un moyen de contourner les acquis de l'accord conclu avec le département d'El Haussaine Louardi en juillet 2012. «Un accord qui vient aujourd'hui d'être bafoué en y intégrant des éléments qui jouent au détriment des industriels», souligne Abdelghani El Guermai, président de l'AMIP. Nous n'en saurons pas plus concernant le contenu de ce «projet», ni auprès de l'AMIP, ni auprès de l'AMMG, qui s'en tiendront à «l'existence de plusieurs ambiguïtés, qui nous pénaliseront». Il semblerait toutefois que même les industriels soient dans le flou total et qu'aucune information concernant l'état d'avancement de ce texte n'ait filtré, ce qui laisse présager d'une tentative d'anticipation de la part des industriels. Toutefois, ces derniers affirment que ce texte réduira leurs marges et bénéfices, ce qui impactera inévitablement l'investissement et l'emploi dans le secteur. «Si nous devons faire face à une baisse de 20 ou 25% du chiffre d'affaires du jour au lendemain, comment pourrons-nous encore investir ou recruter», affirme un industriel. Bien plus, dans leur communiqué, les associations professionnels affirment que cette situation est en opposition avec les aspirations et les objectifs du contrat-programme signé avec le gouvernement tant en ce qui concerne le développement de l'industrie pharmaceutique nationale que ses activités à l'export. Cette «approche non consensuelle et partielle risquerait d'engendrer des impacts catastrophiques sur une industrie pharmaceutique marocaine bénéficiant d'une soixantaine d'années d'expérience et mettrait en péril l'indépendance thérapeutique et la sécurité sanitaire du pays». De surcroît, l'industrie affirme qu'un tel décret engendrerait la disparition de nombreux médicaments et notamment ceux à petits prix en affectant directement les patients les plus démunis économiquement. Enfin, les professionnels affirment qu'ils «prendront toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts de ce secteur hautement stratégique nécessaire à une meilleure santé pour tous nos concitoyens».