Le Maroc a vécu, en fin de semaine écoulée, un fait marquant... pour ne pas dire historique. C'était lors de la présentation des conclusions du pacte de la réforme de la justice. Il faut rappeler que depuis plusieurs décennies, aucun ministre n'avait pu réussir une quelconque intrusion dans le cercle très fermé de la justice. On constatait avec impuissance que l'opacité de la justice tirait le pays vers le bas et révoltait nos partenaires. Cela nous coûtait aussi des points de PIB, dilapidés sous l'effet de la corruption. Aujourd'hui, avec une ferme volonté politique, nous voyons non sans satisfaction le bout du tunnel. Le texte élaboré après un an de travail en profondeur et de concertations, a finalement donné lieu à une mouture qui concrétise les acquis de la Constitution dans le volet de l'indépendance de la justice. En revanche, le véritable défi sera de mettre à la disposition du ministère de la Justice les moyens nécessaires pour donner âme à la réforme et la rendre effective. Curieusement, c'est le ministre de tutelle, que le texte de réforme prive désormais de tout pouvoir judiciaire effectif, qui doit œuvrer pour cette transition historique. Dorénavant, le véritable pouvoir judiciaire sera entre les mains des magistrats, via le Conseil supérieur de la magistrature, dont le pouvoir sur les procureurs était jadis attribué au ministre. C'est une arme à double tranchant, car ce pouvoir mettra les magistrats directement en confrontation avec l'opinion publique !