Le tollé sur l'éducation doit absolument trouver un écho du côté de la santé car si l'éducation hypothèque l'avenir des Marocains, la santé constitue un risque pour leur présent. C'est un fait de chaque jour, comme en cette nuit de vendredi à samedi dans les urgences du CHU de Casablanca, dont l'ancien patron n'est autre que le ministre Louardi him self. En effet, un jeune homme agressé par une bande de voyous, et victime d'un coup de sabre au bras droit avec une coupure très profonde qui nécessitait une intervention chirurgicale, a eu la désagréable surprise de découvrir la réalité de la santé publique dans le plus grand centre d'urgence au Maroc, car le médecin urgentiste, à court de moyens médicaux, dont un bloc opératoire, ne pouvait faire mieux que de demander à ce patient d'aller voir ailleurs et pourquoi pas dans une clinique privée. C'est une situation inhumaine où un citoyen avec un bras coupé devrait sillonner les centres hospitaliers pour espérer trouver quelqu'un qui accepterait de le prendre en charge. En attendant, il pourrait être trop tard ! Le professeur Louardi sait pertinemment que parfois la vie d'un homme ne tient qu'à une poignée de minutes. Comment alors demander à un patient saignant de «dégager» faute de moyens ? Comment concevoir que les premières urgences du pays soient si pauvres en moyens ? Pourquoi exposer le personnel médical à la foudre des patients et de leurs familles ? C'est l'amer réalité du secteur de la santé publique.