Pour améliorer la production de l'orfèvrerie à Tiznit, la prise en compte de l'automatisation des processus de fabrication s'impose avec acuité. C'est le constat largement partagé par de nombreux professionnels installés à Tiznit. Concurrence oblige, le secteur de la bijouterie en général et de l'argenterie en particulier est rivalisé depuis des années par plusieurs pays tels que la Turquie, l'Italie ou encore les pays d'Asie qui exportent leurs produits au Maroc. C'est pourquoi, les professionnels appellent à la mécanisation de leur activité en vue de passer à l'intensification de la production au lieu de se baser sur une approche essentiellement marquée par la fabrication à la main. «Pour être compétitif sur le marché, le progrès technique est primordial afin de moderniser les pièces d'orfèvrerie de façon à ce qu'elles répondent aux besoins d'une clientèle optant de plus en plus pour de légers bijoux avec un design sophistiqué», déplore Aziz Ajhair, membre de l'association Timizar. Toutefois, sans l'accès à une matière première défiant toute concurrence, le secteur ne peut pas intensifier sa production. «Pour pallier à cette contrainte, nous demandons au groupe Managem de réaliser un réseau de points de vente pour assurer la pérennité de l'approvisionnement des mono-artisans en matière première avec des prix unifiés et respectant le cours du marché international», explique Abdlehak Arkhaoui, président de l'association Timizar d'argent. Aujourd'hui, les bijoutiers-orfèvres à Tiznit optent pour le marché informel ou pour la refondation de pièces existantes ou cassées. Ce qui a pour conséquence la disparition du patrimoine. Sur ce point, il faut préciser qu'en vertu d'une convention signée il y a quelques années, un lieu de vente a été déjà installé pour assurer l'approvisionnement régulier des artisans bijoutiers en matières premières et notamment en argent brut. Toutefois, ce point a été fermé puisque les prix pratiqués étaient plus chers par rapport au marché informel. S'ajoute à cela, les charges élevées du projet, notamment la taxe et la TVA. «Certes, on a trouvé une solution à la problématique de la matière première, mais on en a créé une autre puisqu'il s'agissait d'un seul distributeur qui approvisionne les artisans de l'argent brut», souligne un orfèvre. Pour rappel, un artisan a besoin, en fonction de la technique utilisée (gravure, filigrane, l'émail...) et la capacité de sa production, de 1,5 kg à 5 kg d'argent brut par mois. S'agissant de la commercialisation, les professionnels sollicitent la généralisation du carnet ATA qui est un document de transit facilitant le passage en douane des produits exportés via la simplification des formalités et la réduction du coût des opérations. De surcroit, les artisans s'accordent à dire que ce sont les grands commerçants qui profitent des expositions à l'étranger car ils disposent des moyens nécessaires. C'est la raison pour laquelle, l'idée de reconvertir le festival d'argent «Timizar» à Tiznit d'une manifestation culturelle à un salon s'impose pour promouvoir et conserver la vocation de Tiznit en tant que capitale de l'argent. L'association organisatrice de cette manifestation sera d'ailleurs l'invitée d'honneur au salon international d'Istanbul en octobre prochain. En termes de formation, malgré que la tutelle ait lancé un programme, les professionnels exigent une formation continue avec une grande valeur ajoutée surtout en termes de design et de nouvelles tendances du marché. Actuellement, une formation qualifiante a été lancée au niveau de la ville. Le ministère de tutelle a assuré l'équipement du centre d'appui technique (filière de bijouterie) pour un coût de 2,3 millions de DH en plus de l'élaboration de la marque et la certification de la bijouterie en argent de Tiznit. Un institut des arts traditionnels en plus d'un groupement artisanal devra également être réalisé avec un montant frôlant 1,81 million de DH disposant de 33 ateliers pour les mono-artisans, 3 autres pour les coopératives, en plus d'un centre de formation en bijouterie.