Le pacte de réforme de la justice est sur le point d'aboutir. La mouture finale sera présentée au roi à la rentrée politique et ensuite déclinée à l'opinion publique pour en débattre, en lieu et place des assises précédemment décidées. C'est dans un souci d'efficacité que Ramid et les membres de la commission royale de la réforme de la justice ont accéléré le processus de mise en œuvre. Il faut dire que cette réforme tant attendue avait résisté à la volonté de plusieurs ministres et avait à chaque fois suscité l'opposition de certains milieux qui ne voyaient pas d'un bon œil la traduction de l'esprit de l'Etat de droit dans les faits. Il ne s'agit pas bien sûr des professionnels, qui avaient brandi un veto à certains détails de la mouture provisoire, mais de ceux qui refusaient même l'esprit de cette réforme, en dépit d'une ferme volonté royale, traduite par un soutien inconditionnel à la commission royale, étayé par une décoration interprétée par les observateurs comme une reconnaissance royale hautement symbolique. Cet appui a donné des ailes à Ramid, décidé à aller jusqu'au bout, quel que soit le prix personnel à payer et en dépit de certaines campagnes de dénigrement. Il faut dire que le Maroc a absolument besoin de cette réforme demandée par les partenaires financiers internationaux et à leur tête le FMI, désirée par les investisseurs et revendiquée par l'Union européenne. N'oublions pas que la dernière déclaration de l'ancien ambassadeur de l'UE au Maroc, Eneko Lambadaru, exprimait «un profond regret de ne pas voir se concrétiser la réforme de la justice et l'éradication de la corruption». C'est dire l'importance de ce chantier devenu à la longue un vœu pieux, mais aujourd'hui plus près que jamais de sa concrétisation, tant souhaitée. Enfin, il y a lieu de faire preuve, de la part des professionnels comme des politiques, de beaucoup de maturité pour faire de cet acquis celui de tous les Marocains, en lui ôtant toute étiquette politique.