Eneko Landaburu était on ne peut plus clair, la justice marocaine est malade. L'ambassadeur de l'Union européenne à Rabat n'a pas la langue dans sa poche. «Nous avons cru au discours de la réforme de la justice et l'avons appuyé d'une enveloppe de 1 MMDH, mais les résultats sont décevants», déclare-t-il en substance. Landaburu, qui jette un pavé dans la mare, interpelle ainsi le gouvernement Benkirane. Ce dernier va-t-il faire mieux que ses prédécesseurs ? La question mérite d'être posée, d'autant plus que depuis quelques mois, le secteur de la justice fait plus parler de lui de par ses problèmes internes et son malaise social que par l'avancement du train des réformes. Il faut dire que ce secteur développe, depuis longtemps, une carapace anti-réformes. Ainsi, plusieurs ministres et non des moindres, comme le défunt Naciri, se sont succédé sans réussir à ressortir la justice de son laxisme. Aujourd'hui, c'est un chantier qui a été lancé par le souverain pour répondre aux attentes des citoyens et des partenaires économiques. Cela ne se fera pas sans une réelle volonté politique. À cet effet, la commission royale de la réforme de la justice, qui est investie d'une mission de premier ordre, doit agir et vite, car le Maroc perd continuellement des points en termes de compétitivité, dont la justice est un pilier majeur. Faut-il rappeler que le premier souci d'un investisseur est de jouir de tous ses droits devant la justice du pays d'accueil, en cas de recours à cette juridiction ? Or, force est de constater que la commission royale avance à un rythme lent, qui ne traduit pas l'urgence de ce chantier. En résumé, la commission manque d'efficacité, peut être à cause des protestations de certains opérateurs du secteur, qui se disent marginalisés. Cependant, in fine, Ramid devra amorcer les grandes lignes des réformes et annoncer ses deadlines, sans attendre un consensus qui n'arrivera jamais. La balle est dans le camp du gouvernement, comme l'a si bien dit Landaburu.