Ramid devra relancer une réforme qui n'avait significati-vement pas bougé sous ses prédécesseurs. Abdelouahed Radi et Mohamed Taib Naciri avaient tenté d'amorcer le chantier ces dernières années suite au discours royal de 2008 qui a insisté sur le caractère urgent et nécessaire de la réforme. L'installation de la Haute Instance du dialogue national sur la réforme de la justice est sans nul doute un événement historique pour le Maroc. Historique de par l'ampleur du chantier mais également en raison des espoirs de voir cette réforme enfin aboutir. En effet, le débat sur la réforme de la justice existe depuis plusieurs années sans pour autant que les résultats soient tout à fait concluants. Ramid devra relancer une réforme qui n'avait significativement pas bougé sous ses prédécesseurs. Abdelouahed Radi et Mohamed Taib Naciri avaient tenté d'amorcer le chantier ces dernières années suite au discours royal de 2008 qui a insisté sur le caractère urgent et nécessaire de la réforme. Mais ce retard de la concrétisation de ce chantier est demeuré inexpliqué même si le pays avait réussi le même exercice à des niveaux plutôt thématiques. Ce fut le cas notamment en 2004 lorsque le Maroc a adopté un nouveau code de la famille avec des résultats plus que convaincants. D'autres expériences ont suivi comme la réforme du code de la nationalité ou encore la création de l'Institution du Médiateur. Mais en dépit des paris réussis et des challenges relevés, un goût d'inachevé persistait tant qu'une véritable réforme globale et profonde de la justice n'était pas encore réalisée. Le retard était observé non seulement au Maroc mais également chez ses partenaires économiques, principalement l'Union européenne. Bruxelles n'avait pas hésité à manifester ses inquiétudes quant au ralentissement de la réforme de la justice qui prévoyait notamment une amélioration du climat des affaires. Aujourd'hui, le lancement de la réforme intervient dans un contexte nouveau marqué bien évidemment par l'entrée en vigueur d'une nouvelle Constitution. Une Constitution qui a consacré l'indépendance de la justice. L'article 107 stipule que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif et le Roi est le garant de l'indépendance du pouvoir judiciaire. Mais la réforme intervient également alors que le secteur de la justice connaît une tension sociale assez vivace. Les fonctionnaires de la justice avaient durant 2011 organisé une série de débrayages pour protester notamment contre les conditions du travail. En dépit des accords signés, le spectre des grèves n'a pas complètement disparu. Du côté de la magistrature, les choses ont également connu un changement. L'année 2011 a connu l'apparition d'une association baptisée Club des magistrats, une association non reconnue mais tolérée. Ses membres multiplient les sorties médiatiques et disent qu'ils militent pour l'indépendance de la justice. C'est dire que la réforme globale sera assez complexe. L'Instance reste, pour sa part, très optimiste pour apporter une réponse adéquate à toutes les problématiques en suspens. «La mission de cette Instance est de piloter un débat national sur les axes de la réforme de la justice. Un débat qui traitera de toutes les problématiques, à commencer par l'indépendance de la justice, le statut des juges ainsi que la question de la moralisation et de la lutte contre la corruption», affirme Abdessalam Aboudrar, membre de l'Instance du dialogue national sur la réforme de la justice et président de l'Instance nationale de probité et de lutte contre la corruption. Et de conclure : «La réforme de la justice est un tout. On ne pourra pas parler d'aspects prioritaires. Si vous prenez la lutte contre la corruption, le statut des juges et la gestion des ressources humaines sont liés».