L'avocat du parti de la lampe devrait œuvrer pour la moralisation de la justice et de son indépen-dance. Il est très conscient de la lourdeur de la mission qu'on lui a confiée : «Ma mission ne sera pas du tout aisée», avoue-t-il lors des passations de pouvoir. Le nouveau garde des sceaux du Royaume, Mustapha Ramid, est connu pour son ultra-conservatisme et son franc-parler certes mais sa popularité au sein du Parti de la justice et du développement (PJD) n'est pas à discuter. Avant sa nomination par SM le Roi Mohammed VI, des rumeurs circulaient sur le fait que celle-ci soit rejetée par le Palais. Et puis, le 3 janvier 2012, l'avocat conservateur se voit confier une mission des plus ardues, celle de chapeauter le département de la justice. Aucun département ne saurait mieux coller au parcours de M. Ramid. Ce dernier décroche en 1980 une licence de droit à l'Université Hassan II de Casablanca. Il est un avocat du barreau de cette même ville et il était membre du Conseil consultatif des droits de l'Homme pour deux mandats successifs. Ce n'est pas tout, M. Ramid avait présidé l'Instance parlementaire arabe des droits de l'Homme, issue de l'Union parlementaire arabe. Au sein du gouvernement Benkirane, M. Ramid est appelé à poursuivre la réforme du chantier de la justice amorcé par son prédécesseur, Mohamed Naciri. De ce fait, l'avocat du parti de la lampe devrait œuvrer pour la moralisation de la justice et de son indépendance. Il est d'ailleurs très conscient de la lourdeur et de la sensibilité de la mission qu'on lui a confiée : «Ma mission ne sera pas du tout aisée», avoue-t-il lors des passations de pouvoir. Pour ce natif de Doukkala-Abda, il est impératif de concrétiser les aspirations de la société civile à plus de libertés, de droits humains et de dignité. A cet effet, il est nécessaire de mentionner que M. Ramid n'avait pas attendu sa nomination à la tête du ministère de la justice et des libertés pour œuvrer dans ce sens. Cet avocat s'est fait connaître pour avoir réclamé une réforme constitutionnelle dès 2005 en déclarant que : «Un parti qui se respecte doit, dans un premier temps, chercher par tous les moyens à réformer la Constitution». Cet avocat qui a vu le jour en 1959, est l'un des faucons du parti de la lampe. Tout un long parcours l'a préparé à occuper cette position. En effet, M. Ramid a rejoint la Chabiba islamiya d'Abdelkrim Motiî en 1973. Une fois sa licence en poche, il poursuit ses études supérieures à Dar Al Hadith Al Hassania où il sera élu membre du bureau exécutif de l'Association des ouléma en 1989. Une année plus tard, notre actuel garde des sceaux rejoint la Ligue de l'avenir islamique pour ensuite devenir, 7 ans plus tard, député du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPCD) qui deviendra en 1998 le Parti de la justice et du développement (PJD). Lors des élections parlementaires de 2002 au Maroc, M. Ramid est réélu député du PJD à Casablanca. En octobre 2003, au lendemain des évènements terroristes et suite à une pression exercée par l'Intérieur, il est appelé à démissionner de son poste de chef du groupe parlementaire du parti. Mais il n'a pas tardé à rebondir. Lors des élections parlementaires de 2007, il est élu député à la préfecture Aïn Chok à Casablanca. A côté de cela, le nouveau ministre de la justice avait travaillé en faveur des détenus salafistes en tant qu'avocat et durant son mandat à la présidence du Forum pour la dignité. Sa récente nomination a éveillé les espoirs de ces détenus. Or, dans une récente déclaration, le nouveau chef du département de la justice a souligné les limites de ses pouvoirs. «Si on tient compte du contenu de la nouvelle Constitution, aucun individu, y compris la personne du ministre de la Justice, n'a le droit d'intervenir aujourd'hui ou demain dans les décisions prises par les magistrats». Une chose est sûre, ce père de six enfants a de grands défis à relever. Il est appelé à réussir le pari qu'ont clairement perdu les 29 gouvernements qui se sont succédé depuis l'indépendance, à savoir l'éradication de la corruption à travers la justice et la lutte contre l'impunité.