Neuf mois après l'entrée en service du tramway de Casablanca, le courant a du mal à passer entre le top management et une partie des employés de Casa Tram. «Un climat malsain» s'est installé entre le top management et les syndicats membres de la section locale de l'Union des fédérations nationales des chauffeurs et professionnels du transport. «Nous constatons des entraves à l'activité syndicale, mais aussi un management basé sur la crainte exercé par les dirigeants ». L'auteur de ces propos n'est autre que le chef de file des travailleurs de Casa Tram, affilié à l'Union des fédérations nationales des transports. Selon Younès El Eyami, les «problèmes» résident davantage au niveau de la direction de l'exploitation. Ces «problèmes», pour les résumer, concerneraient les «deux poids deux mesures» appliqués aux différents syndicats représentés au sein de la société, mais aussi l'attitude de certains dirigeants vis-à-vis des travailleurs. Les syndicalistes ne mâchent pas leurs mots pour exprimer leur ras-le-bol. Récemment, ils sont même allés jusqu'à porter des brassards noirs afin d'attirer l'attention sur leur sort. Pour sa part, le secrétariat national de l'Union des fédérations nationales des chauffeurs et professionnels du transport, à laquelle ils sont affiliés, avait même menacé de décréter un mouvement de grève qui entraînerait l'arrêt du tramway. Intervention du wali Cette éventualité a été évitée de justesse grâce à l'intervention du wali de Casablanca pour calmer les esprits. Résultat, le nouveau DG de Casa Tram, Thierry Durand a accepté de recevoir les syndicalistes. Cette réunion était prévue mardi dernier (13 août) en début d'après midi. Pour les représentants des 350 agents affiliés à l'Union des fédérations nationales des chauffeurs et professionnels du transport, c'était l'occasion de présenter tout un chapelet de doléances allant du «respect de leur dignité» au droit syndical, en passant par l'amélioration des conditions de travail. Sur ce dernier point, les revendications semblent très pressantes, au point que les agents disent ne plus pouvoir tenir le rythme. «Le temps de travail des agents dépasse la normale», proteste Younes El Eyami, qui indique que les horaires dépassent régulièrement les 10 heures de travail par jour au lieu des 8 heures réglementaires. Pour les conducteurs des rames, fait-t-il remarquer, les effets sont très néfastes. «Cela entraîne une fatigue et une diminution de la concentration du conducteur», prévient-il, sachant le temps de pause moyen se situe entre 5 et 10 minutes. «Nous tenons à attirer l'attention sur cette situation qui peut constituer un danger pour les usagers aussi», poursuit le syndicaliste. «Il y a lieu de préciser également qu'un conducteur qui doit effectuer sa première rotation à 4 heures du matin doit quitter son domicile vers 2 heures; tout ceci fait que son temps de repos reste très limité. En plus, les deux jours de repos hebdomadaires ne sont pas toujours respectés», continue le responsable syndicaliste, qui cite d'autres problèmes plus ou moins préoccupants. Primes Il s'agit notamment de l'absence d'un «tableau de marché» au sein de Casa Tram afin de déterminer l'évolution des carrières des employés. Ces derniers disent également ne pas comprendre que leur propre société les oblige à payer le ticket pour pouvoir emprunter le tramway en dehors de leurs heures de travail. «Cela ôte en nous tout sentiment d'appartenance à Casa Tram», se désole notre interlocuteur. Autres questions évoquées avec Thierry Durand, la hausse des salaires des agents. Pour information, un conducteur de tramway à Casablanca empoche à peine plus de 4.500 DH par mois. Sachant que l'exploitation de ce moyen de transport dans la capitale économique repose sur un modèle économique à perte (au terme des 6 premiers mois, le déficit était d'environ 11 MDH), cette revendication serait difficile à satisfaire. Il reste à savoir ce qu'il en sera pour les autres attentes liées aux primes de risques, de logement ou encore de roulement. La rencontre avec le nouveau DG devrait permettre de rapprocher les deux parties. À l'heure où nous mettons sous presse, rien n'a filtré de ce face-à-face, et nos différentes tentatives de joindre la direction générale n'ont pas abouti. «Tout le staff est en congé», nous a -t-on fait savoir auprès de Casa Tram.