La courbe du crédit bancaire continue sa dégringolade. Alors que la Banque centrale table sur une croissance du crédit se situant entre 5% et 6% pour cette année, les prêts à l'économie n'avance plus que de 3% à fin mai contre 6,9% une année auparavant. L'encours du crédit a pour sa part marqué une quasi-stagnation d'un mois à l'autre à 705,4 MMDH. C'est ce qui ressort en partie des dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib au titre du mois de mai 2013. Les professionnels du secteur avancent un fléchissement de la demande plutôt qu'un raffermissement des conditions d'octroi de prêts surtout du côté du secteur privé pour lequel l'investissement peine toujours à décoller. Crédits à la consommation, la progression divisée par 2 La décélération du crédit bancaire s'explique notamment par la baisse de 2,2% des crédits à l'équipement, après la hausse de 1,5% enregistrée en mai 2012, et le ralentissement de 9,1% à 5,2% des prêts de trésorerie et de 7,5% à 6,7% des crédits immobiliers. En ce qui concerne les crédits à la consommation, leur rythme de progression est revenu de 13,7% à 6,5%. Par secteur institutionnel, les crédits accordés au secteur privé se sont inscrits en décélération de 5,7% à 4%, suite au ralentissement des prêts alloués tant aux sociétés privées, de 3,6% à 2,3%, qu'aux ménages, de 9,2% à 6,7%. Quant aux prêts octroyés aux sociétés non financières publiques, ils ont enregistré une légère hausse de 1,2%, contre 56,5% en mai 2012. La décélération du rythme d'accroissement des crédits est-elle donc si grave que cela ? «Non», martèle un banquier. «Nous ne ressentons aucune crainte quant à ce ralentissement, aussi important soit il, que ce soit pour l'activité de crédit ou pour la collecte des dépôts. Le recul du rythme de progression n'est pas par ailleurs une baisse. Nous sommes donc toujours dans une dynamique positive», ajoute-il. Même sur le long terme, les banquiers demeurent optimistes. «Le Maroc va continuer à se développer et les politiques sectorielles vont continuer à être mises en place. Vu sous cet angle, les demandes de crédit ne vont certainement pas se tarir et les banques continueront de soutenir le développement de l'économie», relève la même source. Cela dit, les projets de développement risquent d'être a priori moins nombreux qu'au cours de la période 2000-2012. Cette situation aura pour conséquence une bataille accrue entre les banques afin de renouveler les portefeuilles de crédit. Cela pourrait également avoir des répercussions sur les marges d'intérêt. Les créances en souffrance reculent de 0,5% sur un mois à 37,74 MMDH Les créances en souffrance ont pour leur part baissé légèrement de 0,5% d'un mois à l'autre à 37,74 MMDH. Il s'agit d'une baisse de 190 MDH. Sur un autre volet, l'agrégat M3 a augmenté, en mai 2013, de 0,9%, à 980,5 MMDH. «Cette évolution recouvre l'accélération du rythme de progression des réserves internationales nettes et des créances nettes des institutions de dépôt sur l'administration centrale, ainsi que la quasi-stagnation du crédit bancaire», explique Bank Al-Maghrib. En effet, les réserves internationales nettes ont enregistré une hausse de 6,2%, suite à l'encaissement, d'un montant de 6,5 MMDH correspondant à l'émission par le Trésor d'un emprunt obligataire sur le marché international. Quant aux créances sur l'économie, elles ont marqué une hausse de 0,5% en mai, attribuable à la progression de 3,9% des détentions des banques en titres émis par les sociétés non financières et à la quasi-stagnation du crédit bancaire (à 705,4 MMDH). De leur côté, les créances nettes sur l'Administration centrale (AC) se sont inscrites en hausse de 0,7%, sous l'effet de la diminution de la position nette du Trésor auprès de Bank Al Maghrib et la quasi-stagnation des créances nettes des banques et des OPCVM monétaires sur l'AC. «Par composante, la progression de la masse monétaire s'est reflétée au niveau des principaux actifs monétaires, à l'exception des dépôts à terme auprès des banques, qui ont baissé de 1%», relève BAM. Ainsi, la monnaie scripturale a enregistré une hausse de 0,9%, tandis que les titres d'OPCVM monétaires se sont inscrits en progression de 6,5%. En glissement annuel, la masse monétaire a enregistré un accroissement de 4,9% après 3,8% en mai 2012, suite principalement à l'amélioration de la progression de l'encours des Réserves internationales nettes. En revanche, les crédits bancaires et les créances nettes sur l'Administration centrale ont poursuivi leur ralentissement. Ainsi, les Réserves internationales nettes ont enregistré une hausse de 0,1%, après une baisse de 16,6% un an auparavant. Quant aux créances nettes sur l'Administration centrale, leur rythme de progression est revenu de 53,4% en mai 2012 à 20,8%. Par composante, l'accélération de la progression de M3 s'est reflétée au niveau des dépôts à terme, qui ont enregistré une hausse de 4,8% après une baisse de 4,6% un an auparavant et dans une moindre mesure au niveau de la scripturale, dont le rythme de progression est passé de 4,4% à 4,8% en mai 2013. En revanche, la circulation fiduciaire s'est inscrite en décélération de 6,2% à 4,8% et les comptes d'épargne de 9,4% à 8,6%. Par secteur institutionnel, l'évolution de M3 recouvre la hausse de 8% des actifs monétaires des sociétés non financières publiques et de 14,1% de ceux des autres sociétés non financières, ainsi que la baisse des actifs monétaires des sociétés non financières privées de 0,7%. Quant aux avoirs monétaires des ménages, leur progression s'est inscrite en décélération à 5,4% au lieu de 7,1% un an auparavant. Quant aux taux débiteurs, les résultats de l'enquête de BAM auprès des banques, pour le premier trimestre 2013, indiquent une réduction de 21 points de base du taux moyen pondéré du crédit bancaire, revenant à 5,99%. Cette contraction n'a toutefois concerné que les taux assortissant les facilités de trésorerie, ceux appliqués aux autres catégories de crédit ayant enregistré des hausses allant de 4 à 15 points de base.