«La création est la base de tout progrès. La protection de cette création devient de ce fait un devoir pour garantir notre développement. La manifestation d'aujourd'hui témoigne de la forte volonté des secteurs privé et public d'œuvrer ensemble, afin de lutter efficacement contre le piratage et la contrefaçon», soulignait Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelle technologies, dans son discours d'ouverture de la journée de «La propriété intellectuelle». L'évènement a en effet été organisé, le 23 mai, par l'Office marocain pour la propriété Industrielle et commerciale, le Bureau marocain des droits d'auteur, le Comité national pour la propriété industrielle et anti-contrefaçon, l'Association marocaine pour la lutte contre le piratage et le BSA (Business Software Alliance). En réalité, depuis que le Maroc s'est engagé dans ce combat contre la contrefaçon au début des années 2000, c'est la première fois qu'on assiste à une solidarité entre les secteurs privé et public, qui œuvrent côte à côte pour faire face à ce fléau. En effet, cette journée a constitué, pour les secteurs public et privé, ainsi que pour la société civile, une occasion pour réfléchir ensemble, renforcer les débats, et étayer les plateformes d'une coopération efficiente, dans l'objectif ultime de faire avancer la lutte contre le piratage et la contrefaçon. Par ailleurs, lors de cette manifestation, deux accords ont été signés entre l'OMPIC et la Chambre de commerce internationale du Maroc, et entre l'OMPIC et le Groupement des annonceurs du Maroc. La loi sur la propriété industrielle ne suffit plus ? Au Maroc, l'apport de l'activité informelle est estimé de l'ordre de 40% du PIB national. Pour remédier à ce fléau, l'Etat a mené plusieurs actions, qui ont été traduites par la mise en vigueur de la loi de la propriété industrielle en 2004, et la signature des accords avec les neuf pays membres de l'ACTA (Accord commercial anti-contrefaçon). Ces actions ont été entamées, surtout pour protéger le secteur de l'audiovisuel. Ce qui est paradoxal, c'est que ce phénomène a dépassé ce secteur pour s'attaquer à d'autres qui, jusqu'ici, étaient épargnés. À titre d'exemple, dans le domaine automobile, les pièces contrefaites sont estimées à près de 30% du marché national. Le domaine informatique, quant à lui, a enregistré des taux considérables au niveau du piratage de logiciels. La valeur commerciale des logiciels dépourvus de licence au Maroc a atteint près de 675 millions de dirhams. Ainsi, 65% des logiciels déployés au Maroc sont piratés, selon une étude réalisée par BSA en 2010. Selon Adil Maliki, directeur général de l'OMPIC, cette situation est due essentiellement, «à la culture de la récrimination qu'adoptent les entreprises marocaines au moment où elles sont appelées à accomplir leur rôle en tant qu'acteur économique afin d'accompagner les efforts de l'Etat», s'alarme-t-il. Du côté des représentants des secteurs d'activité touchés par ce fléau, on estime que c'est l'application de la loi qui fait défaut. «En termes de loi et de procédures, tout a été mis en place pour protéger les droits de la propriété intellectuelle. Maintenant, le problème se pose au niveau de la bonne application de cette loi», soutient Imane Alaoui, directrice de la propriété industrielle à Microsoft Maroc. C'est un avis que ne partage pas Pascal Houdayer, general manager North West Africa de P&G. Ce dernier estime que l'Etat a fait son maximum, en mettant en place un outil législatif qui protège la propriété industrielle. «Actuellement, ce sont les entreprises qui doivent faire leur travail d'un point de vue du développement humain. Cela ne peut pas se faire si ces dernières n'assurent pas des prix abordables, pour dissuader les consommateurs d'aller vers les produits de contrefaçon», conclut-il. Microsoft Maroc...anti-piratage Le taux de piratage des logiciels au Maroc est estimé à 65% au titre de l'année 2010, en baisse de 1% par rapport à l'année précédente. En effet, en 2010, ce fléau a coûté à l'industrie informatique au Maroc une perte de 675 millions de dirhams. Selon Imane Alaoui, directeur de la propriété industrielle à Microsoft Maroc, «notre pays reste assez impacté en comparaison avec les pays du Moyen-Orient et de Afrique qui ont un taux moyen de piratage de 30%. Afin de préserver son activité au Maroc, «Microsoft Maroc dédie près de 10% de son chiffre d'affaires annuel, pour financer sa stratégie de lutte contre le piratage et la contrefaçon, et encourager le consommateur à acheter des produits originaux», ajoute la responsable. La stratégie de Microsoft dans sa globalité est basée sur trois axes principaux : la sensibilisation, l'engineering et l'associatif. Au niveau de la sensibilisation, Microsoft organise des compagnes de prévention en coordination avec les associations et les pouvoirs publics. Le but de ces compagnes est «d'éduquer notre réseaux de distributions et nos partenaires sur l'importance de la vente des produits non piratés mais aussi pour sensibiliser le grand public au danger que représente le piratage pour l'économie nationale», développe la représentante de Microsoft. Deuxième axe de la stratégie de Microsoft c'est l''engineering. Dans ce cadre l'entreprise mène des actions de recherche et développement continu afin de rendre ces produits difficiles à reproduire par les pirates. Enfin, l'entreprise mène des actions associatives en coordination avec secteur public pour appliquer et renforcer la loi. Car selon Imane Alaoui, «d'une manière générale, quant un pays montre des défaillances au niveau de l'application de la loi, cela décourage les investisseurs à développer d'autres activités où de s'investir dans des centres de recherche et de développement».